Depuis quelques années l’Université de Kinshasa fait l’objet des critiques virulentes et des allégations pour le moins surprenantes. En effet, certains l’accusent de distribuer des diplômes à tout va ; de se transformer à une véritable « blanchisserie » pour le recyclage de tous les politiciens en mal de « légitimité scientifique » ; de galvauder la mention de « la plus grande distinction » au profit de tous les impétrants, etc.
Consécutivement à la suspension, séance tenante, de la défense du mémoire du DEA d’un apprenant, le 02 octobre 2025, une avalanche de critiques acerbes s’est abattue sur la « Colline inspirée », jusqu’à telle enseigne que d’aucuns ne s’offusquent guère à réclamer explicitement certaines têtes du Comité de gestion, sans pour autant apporter la moindre preuve pour étayer leurs allégations. Au lendemain de cet incident du 02 octobre qui a défrayé la chronique au sein du microcosme universitaire congolais, on a pu lire dans les réseaux sociaux, qu’il y avait, au sein de l’Université de Kinshasa, « des pratiques arbitraires, guidées par des ambitions personnelles des deux membres du Comité de gestion ». Qui plus est, selon le même auteur, « le Recteur en fonction, bien que porteur d’une vision et volonté de redressement, est systématiquement marginalisé et poignardé dans le dos ». Par ailleurs, ce pourfendeur de l’UNIKIN relève qu’« un exemple frappant de cette dérive est l’attitude de la Secrétaire Générale à la Recherche, qui impose une check-list informelle et illégale pour permettre à un étudiant de défendre son mémoire de DEA […]. Qui a autorisé cela ? Quelle loi, quel décret, quel Arrêté le prévoit ? Batu bakuabu ! […] ».
En passant au crible ces quelques critiques formulées à l’encontre de l’Université de Kinshasa, tout en visant particulièrement certains membres du Comité de gestion, force est de constater que l’auteur de la « Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Grand Chancelier des Universités » souffre d’une pathologie moderne de plus en plus répandue, à savoir, l’ignorance des textes qui régissent l’enseignement supérieur et universitaire en RDC. Et pourtant, un effort de vulgarisation a été fait, afin que chaque instance académique sensibilise les étudiants et les apprenants, pour qu’ils maîtrisent les règles de fonctionnement des Universités. A titre illustratif, selon les allégations de l’expéditeur de la « Lettre ouverte », le Recteur est systématiquement marginalisé et poignardé dans le dos. Ce dernier ignore que le Recteur représente le Comité de gestion vis-à-vis des tiers, et qu’il est seul à prendre la décision au terme des délibérations. Les Secrétaires Généraux sont des organes techniques qui soumettent leurs propositions au Recteur. Excepté les cas d’intérim, aucune décision ne peut être prise légalement par un autre membre du Comité de gestion. Ainsi, les dispositions de l’article 11 de l’Arrêté Ministériel n° 101 du 13 février 2023 modifiant et complétant l’Arrêté Ministériel n° 175 du 22 décembre 2015 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3e cycle dans les Etablissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaire en RDC, relatives aux conditions d’admission au 3e cycle soulignent clairement que « l’inscription est effective après notification de la Décision rectorale […] ». Par ailleurs, l’article 21 de l’Arrêté Ministériel susvisé relatif à la constitution du jury pour l’appréciation scientifique de la thèse montre bien qu’après les avis du Conseil de département, du Conseil de la faculté et celui du Secrétaire général en charge de la Recherche, la Décision rectorale intervient pour consacrer la nomination du jury. Enfin, l’article 22 dudit Arrêté indiquant les conditions de soutenance de la thèse de doctorat rappelle que « la date de défense publique, le nom du candidat et le sujet de la thèse sont annoncés par le soin du Recteur huit jours au moins à l’avance […] ». Comme on aisément le constater, rien ne peut se décider à l’Université de Kinshasa, sans l’accord du Recteur, seul habilité à engager valablement l’Université. Dire le contraire, c’est de l’affabulation.
Il importe de rappeler en outre, que l’inobservance de ces règles, voire des exigences contenues dans la « check-list », constitue un risque grave susceptible de compromettre la soutenance d’une thèse ou du DEA. Pour se remémorer la « check-list » déclinée ci-dessous attire l’attention de tout candidat au DEA /DES ou au doctorat, quant à la manière de préparer le dossier conformément à la législation en vigueur.
Cette « check-list » puise son fondement juridique dans les textes ci-après :
La Loi-cadre n° 14/004 du 11 février 2014 de l’enseignement National ; le Décret n° 22/10 du 04 mars 2022, portant critérium pour l’organisation de la formation du 3e cycle à l’Enseignement Supérieur et Universitaire en République Démocratique du Congo ; le Décret n° 22/39 du 06 décembre 2022 portant organisation et fonctionnement du système Licence – Maitrise – Doctorat « LMD » en République Démocratique du Congo ; l’Arrêté n°175/MINESU/CABMIN/TMF/EBK-RK3 du 22/12/2025 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3e cycle dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire en République Démocratique du Congo ; l’Arrêté n°0325/MINESU/CABMIN/MNB/RMM/2021 du 18/10/2021 portant définition des attributions du Secrétaire Général chargé de la Recherche dans les Comités de gestion des Universités, instituts supérieur et écoles supérieures en Républiques Démocratique du Congo ; le Vade-mecum du Gestionnaire d’une Institution d’enseignement supérieur et universitaire, 4e édition, oct. 2020 et les Instructions Académiques
Le paradigme néo-institutionnaliste postule que les acteurs et les institutions s’influencent réciproquement. « Incrusté » ou « empêtré » dans les règles institutionnelles formelles et informelles, l’Homo institutionalus adopte des comportements qui sont en phase avec les valeurs et les attentes véhiculées par ces règles, en même tant qu’il les modifie de manière incrémentale par ses propres actions. Quant au paradigme institutionnaliste traditionnel, les règles institutionnelles démocratiques déterminent les comportements individuels et collectifs. L’Homo politicus, fait la politique mais toujours dans le respect des règles formelles. Dès lors, si l’on se situe dans le contexte d’antivaleurs, du mépris des textes et partant, d’interprétation biaisée, voire erronée du « socle institutionnel identitaire » de cette Alma mater, on ne peut que développer un narratif discriminatoire dénoué de tout fondement, pour jeter l’opprobre à ceux qui se battent pour que l’ordre, la discipline et la légalité règnent à l’Université de Kinshasa. On peut espérer qu’à l’avenir, les textes ne seront plus dénaturés au gré de nos sentiments, de nos pesanteurs et de nos états d’âme.
Affectueusement appelée « Dame de fer » pour certains, Madame « NO ! » pour les autres à cause de son intransigeance, Marie-Claire YANDJU, Secrétaire Générale à la Recherche ne transige pas sur les principes. Quand elle dit « NON ! », pour faire respecter les règles, l’ordre et la discipline, c’est toujours « NON ». Bien qu’elle n’ait pas le dernier mot dans le processus décisionnel, elle rechigne toute posture de complaisance, en dépit des recommandations et d’où qu’elles viennent.
Au terme de notre petite enquête parmi les apprenants et les professeurs, nous avons constaté un véritable consensus autour de certaines valeurs qu’elle promeut au grand dam de ses détracteurs. Biologiste de renom, dont les travaux sur la transformation des produits agricoles locaux sont unanimement reconnus et appréciés par la Communauté scientifique au-delà de nos frontières, la Secrétaire Générale à la Recherche fait la fierté de notre pays, et mérite que justice lui soit rendue. Depuis plus de quatre décennies, cette biologiste se bat contre vents et marrées, afin que ses techniques innovantes pour lutter contre les carences nutritionnelles connaissent une véritable consécration, notamment par la production industrielle.
Rappelons, s’il en était besoin, que la présence de la Secrétaire Générale à la Recherche au sein du Comité de Gestion de l’Université de Kinshasa n’est pas un fait du hasard. Elle a pour mission de mettre de l’ordre, n’en déplaise aux princes de l’anarchie. Que ces derniers se rassurent, la « Dame de fer » alias Madame « NO » reste imperturbables dans ses bottes.
Jean-Marie MASUDI LIYANGA