Face à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo, le gouvernement ambitionne de renforcer l'efficacité de la réponse humanitaire.
Intervenant lors de la 62e réunion du conseil des ministres, la première ministre Judith Suminwa Tuluka a révélé que la situation humanitaire et sécuritaire dans la partie Est du pays a fait l'objet de la réunion du cadre national de concertation humanitaire qu'elle a convoquée le jeudi 9 octobre 2025 à l'hôtel du gouvernement à Kinshasa.
"Trois défis ont été étudiés au cours de cette réunion, ils concernent l'accès humanitaire libre, inconditionnel et sans entrave ; les contraintes administratives, les obstacles à l'efficacité des opérations humanitaires ainsi que la crise de financement de la réponse humanitaire. Les attentes de l'équipe humanitaire par rapport à ces défis se résument au réexamen de la position du gouvernement sur les points prioritaires à la résolution de la crise humanitaire et sécuritaire qui sévit à l'est du pays tels qu'aborder depuis Mars 2025" rapporte le compte rendu de la réunion tenue vendredi 10 octobre 2025 à la Cité de l'Union Africaine.
Après des échanges soutenus au cours de cette rencontre qui a connu la participation des représentants des institutions publiques concernées par la problématique, les agences du système des Nations Unies, les bailleurs des fonds, des partenaires humanitaires ainsi que des organisations non gouvernementales, la première ministre Judith Suminwa a réaffirmé l'engagement de l'État a toujours assumé sans faille sa responsabilité première dans la protection et l'assistance aux populations vulnérables.
"Cependant pour y remédier, elle a invité les membres du gouvernement impliqués dans les matières susmentionnées à s'exprimer à travers leurs experts à la Task Force ad-hoc et au niveau du groupe de travail conjoint afin de redynamiser les réflexions sur les points prioritaires sous la coordination du VPM, ministre de l'Intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières. Les conditions des travaux feront l'objet d'évaluation au regard du contexte diplomatique, politique et humanitaire afin de s'assurer que tous les défis aient été pris en compte", ajoute le compte rendu de la réunion.
L’est de la République Démocratique du Congo reste le théâtre d’un conflit complexe, marqué par des affrontements entre, d’un côté, les Forces Armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés et, de l’autre, une myriade de groupes armés non étatiques. Selon OCHA, la situation a basculé de manière rapide et dramatique à partir de la fin du mois de janvier 2025, avec l’offensive du M23 capturant Goma, suivi de Bukavu en février 2025, marquant un nouveau pic de violence.
Ces prises ont entraîné la mort de milliers de personnes, des blessés et le déplacement de centaines de milliers d’individus autour de Goma. Forcée à retourner dans des zones à sécurité incertaine ou poussée vers une seconde vague de déplacements, la population se trouve dans une situation critique. La fermeture de l’aéroport de Goma depuis sa prise de contrôle par le M23 fin janvier 2025, entrave l’acheminement de l’aide humanitaire, tandis que la raréfaction des fournitures sanitaires, la destruction de nombreux camps de déplacés et le pillage des entrepôts humanitaires aggravent encore cette crise.
Chiffré à hauteur de 2,54 milliards USD, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo n'est financé qu'à ce jour à hauteur de 14,9%. C'est ce qu'a révélé le bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) dans son bulletin rendu public vendredi 19 septembre dernier. Selon le document, le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies note que le niveau de financement reste critique alors que sur le terrain, les besoins restent les plus élevés dans les provinces du Nord et Sud-Kivu et Ituri dans l'Est de la RDC.
Cette situation intervient dans un contexte marqué par la réduction drastique du plan de l'ONU d’aide humanitaire mondiale pour l’année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) rendu public lundi 16 juin 2025.
Clément MUAMBA