Le marché de Selembao, l’un des plus grands marchés pirates de la ville de Kinshasa abritent plusieurs dizaines de commerçants venus de toute part. Depuis plusieurs années, ce marché se développe de façon fulgurante, voyant naître au jour le jour, un nouvel étalage de marchandises.
Les vendeurs de ce marché qui s’étend en grande partie dans la commune de Bumbu, se placent au bord de la voie asphaltée avec leurs marchandises étalées à même le sol.
À ACTUALITÉ.CD, Manassé Luzolo, vendeur d’accessoires téléphoniques, a indiqué qu’il ne préfère pas une relocalisation car son business marche bien.
“Je vends ici puisqu’ il n’y a pas de place à l’intérieur du marché. Nous vendons essentiellement devant les boutiques des autres, par conséquent nous versons une somme d’argent aux propriétaires de ces boutiques. Je verse entre 20 000 et 30 000 FC par mois. Personnellement mon commerce marche bien. Il y a beaucoup plus de clients et de visibilité ici qu’à l’intérieur du marché selon moi. Je préfère donc rester ici. Même si on voulait délocaliser le marché je ne serai pas partant. Je suis déjà habitué à ce style de vie”, s'est-il exprimé.
Un autre vendeur sur la voie publique, Jordan Bokulaka, parle de contraintes auxquelles il fait face quotidiennement pendant ses heures de service.
“ça fait plusieurs années que je vends dans ce marché. Il n’y a pas de marché proprement dit ici bien que la population soit dense. Le seul problème qui me dérange personnellement, c’est la tracasserie policière. Les agents de sécurité des postes de police qui nous entourent viennent régulièrement nous déranger. Ils chassent les commerçants qui vendent au bord et sur la route. Ils confisquent nos marchandises. Pour les récupérer, il faut payer de l’argent. Si ce sont des objets de valeur, les récupérer serait difficile car les amandes seront chères également. Cela se produit chaque semaine et pas qu’une seule fois. Ils disent que le bourgmestre ne veut plus nous voir sur la route mais ils nous demandent de l’argent pour nous laisser tranquille. De ce fait, rien ne change, nous n’avons pas le choix, on fait avec”, s’est-il plaint.
Un jeune marchand d’habits expose, quant à lui, les risques encourus tout en faisant allusion à la situation économique du pays.
“Il n'y a plus de place à l’intérieur, l’endroit que la population a transformé en marché, c’est puisqu’ici il n’y a pas de marché. Nous faisons face à plusieurs risques. C’est une route très fréquentée par les véhicules et elle est assez étroite. Nous risquons nos vies chaque jour. Une seule erreur de la part d’un conducteur et nous serons atteints. Nous savons que c’est dangereux, mais vu la situation socio-économique du pays nous n’avons pas le choix. Personnellement je ne suis pas là par plaisir, c’est juste pour ne pas avoir les poches vides et survivre. Il n’y a pas d’emplois, donc je me débrouille pour gagner ma vie. Si les autorités construisent un marché j’irais m’y installé sans hésiter”, s’est-il prononcé.
Soki Kanda, un usager du marché, a exprimé son dégoût du point de vue hygiénique tout en relevant le problème de circulation causé par cette pratique.
“ Ces commerçants évoluent dans un milieu malpropre. Il y a de la saleté presque partout et ils étalent les marchandises sur le sol. Même les aliments tels que les légumes sont par terre à côté de la boue, exposés à la poussière. De plus, leur présence perturbe la circulation. Il y a beaucoup trop de gens qui utilisent cette route. Avec eux au bord et sur la route asphaltée la situation empire. Les embouteillages inutiles sont créés à cause d’eux”, s’est-il indigné.
La situation ne semble pas s’améliorer, au contraire, elle empire avec la croissance démographique. Il y a à peine quelques années, un accident particulièrement ravageur s’était produit dans ce marché, causant des dizaines de morts. Toute une rangée de vendeuses a été touchée entre les avenues Mabwana et Ngueba sur la route de la Libération, précisément celles qui vendaient sur et autour de la voie asphaltée.
Blessing Muayi, stagiaire Unisic