Les tensions montent à l’Hôpital général de référence (HGR) de Lubero, dans le Nord-Kivu, où les personnels médicaux et paramédicaux annoncent une grève imminente si le médecin directeur, Madame Katungu Léocady, et son administrateur gestionnaire (AGIS) ne quittent pas leurs fonctions dans un délai de 72 heures. Cette décision fait suite à une correspondance adressée au gouverneur militaire du Nord-Kivu, dont ACTUALITÉ.CD a obtenu une copie.
Dans ce document, les agents de l’Hôpital général de référence de Lubero accusent la direction de détournement de fonds, de dictature et de mauvaise gestion. L’un du personnel indique que des lettres de mutation avaient déjà été remises à Madame Katungu et à son AGIS, mais que ces derniers refusent de se conformer à cette décision, exacerbant une grogne qui perdure depuis plusieurs mois dans la structure.
Mumbere Sivirwa Faustin, représentant du personnel de l’hôpital, souligne la gravité de la situation, mettant en exergue le climat nuisible qui règne au sein de cette structure médicale. Il rappelle également que les agents sont à bout de nerfs face à des incidents répétés de mégestion et réclament une résolution rapide.
« À l’Hôpital général de référence de Lubero, certaines autorités pratiquent une forme de dictature et détournent les fonds. Les agents de l’hôpital, tout comme la population de Lubero, souffrent à cause de cette situation. C’est pourquoi nous nous révoltons contre le médecin-directeur et l’AGIS. Nous exigeons leur départ. D’ailleurs, ils ont déjà reçu leurs lettres de mutation, venant de la Division provinciale de la santé (DPS). Lors de la vérification des documents, nous avons constaté un détournement de plus de 3 000 dollars, sans compter beaucoup d’autres irrégularités. Si les autorités provinciales ne réagissent pas à temps, et si le médecin-directeur ainsi que l’AGIS ne quittent pas leurs fonctions, nous entamerons un mouvement de grève dans un délai de 72 heures », menacent les personnels dans leur lettre.
En réponse aux accusations, le médecin directeur Katungu Léocady affirme qu’ils ne sont au courant d’aucune des allégations et que l’hôpital fonctionne normalement. Cependant, des sources internes révèlent un malaise persistant au sein de la structure, témoignant d’une crise de collaboration et de communication qui dure depuis trois ans. Un précédent chef de division de la santé du Nord-Kivu avait déjà tenté de résoudre cette situation, ayant proposé des mutations qui sont restées sans effet.
Jointe par ACTUALITÉ.CD, Madame Kahambu Kibwana Elda, l’administrateur gestionnaire de la zone de santé de Lubero, confirme l’information. Selon elle, la crise actuelle serait le fruit d’un manque de volonté de la part des dirigeants à répondre aux attentes des personnels de santé. Elle évoque une multiplicité d’interventions sans succès pour rétablir le dialogue.
« Cet hôpital vivait une crise de collaboration et de communication depuis plus de trois ans, au cours desquels de nombreuses descentes ont été effectuées. Même le chef de division provinciale de la santé au Nord-Kivu avait envoyé, à trois reprises, des équipes pour suivre cette situation. Cela avait finalement abouti à une résolution : l’émission de lettres de mutation pour le médecin-directeur, qui assurait l’intérim, et pour l’administrateur gestionnaire de cet hôpital. Maintenant, après leur mutation, ces personnes n’ont pas voulu y répondre, et on ne sait pas pourquoi. Eux disaient qu’ils étaient empêchés par la situation sécuritaire. Malheureusement, les personnels étaient très mécontents de cette non-exécution des lettres de mutation. C’est ce qui a provoqué cette grogne dans cet hôpital. Avant cela, ils faisaient déjà des grèves et des marches. Et, en fin de compte, aujourd’hui, ils ont commencé à faire du bruit presque partout », a-t-elle fait savoir.
Face à la montée de la grogne, l’administrateur gestionnaire de la zone de santé de Lubero a indiqué qu’une approche palliative est en discussion depuis l’intervention du général-major Kakule Somo Evariste, gouverneur militaire du Nord-Kivu, lors de son déplacement dans le territoire de Lubero le 19 août dernier.
À l’heure actuelle, de nombreux employés de l’hôpital jugent le comité directeur arrogant, l’accusant de privilégier des intérêts personnels au détriment du bien-être des patients et de la communauté. Les pronostics ne sont guère optimistes si la situation persiste : une grève pourrait alors paralyser des services déjà fragilisés.
Josué Mutanava, à Goma