Des réactions fusent de partout depuis la publication, par le secrétariat du ministère de l'Éducation nationale, d'une note circulaire interdisant désormais toute exclusion des élèves enceintes dans les établissements scolaires. Alors que cette décision, à en croire le ministère de tutelle, vise à promouvoir l'égalité du genre dans le système éducatif, Joseph Godé Kayembe, président du conseil d'administration de la Ligue de la zone Afrique pour la défense des droits des enfants et des élèves (Lizadel), estime que cette mesure va à l’encontre des valeurs africaines.
" Nous avons été profondément choqués par la décision du secrétaire général chargé de l'éducation. Nous sommes africains, en particulier congolais, on a des pudeurs. Avoir une grossesse pour un enfant, c'est un scandale. cela va scandaliser d'autres filles, qui ne connaissent pas encore le sexe. C'est un véritable scandale qui peut bouleverser l'équilibre moral de l'école ", déclare-t-il à Actualite.cd.
Il s’appuie sur la loi de protection de l’enfant, qui interdit les relations sexuelles impliquant des mineurs pour justifier son opposition. Ce principe est au cœur du combat de la Lizadel, engagée depuis des années contre les mariages précoces et les violences sexuelles faites aux enfants.
" L'école, c'est pour l'éducation, pas pour le sexe. Quand l'enfant goûte déjà à ça, elle doit désormais bénéficier d'un encadrement particulier, soit la placer en dehors du système où elle pourra accoucher dans des conditions adéquates, ensuite la récupérer après ", a-t-il proposé.
Malgré sa position, M. Kayembe appelle la communauté à la protection de ces filles considérées victimes, souvent stigmatisées dans la société alors qu'elles sont généralement manipulées.
Selon les Nations unies, les violences faites aux enfants de République Démocratique du Congo sont largement répandues dans tous les milieux, y compris les familles, écoles et communautés. Près d'une femme sur trois est concernée par le mariage des enfants, souvent lié aux grossesses précoces. Les données Onusiennes affirment qu' une fille sur quatre a commencé sa vie reproductive avant l'âge de 18 ans, ce qui fait de la RDC est l'un des pays au monde qui compte le plus grand nombre d'enfants victimes d'une grossesse précoce.
Gloria Kisenda (stagiaire)