RDC-Rwanda: les USA assurent travailler pour harmoniser les différentes démarches et formaliser l'économie de la paix dans un environnement commercial plus favorable

Paul Kagame et Félix Tshisekedi le 25 novembre 2021 à Kinshasa
Paul Kagame et Félix Tshisekedi le 25 novembre 2021 à Kinshasa

La crise entre la RDC et le Rwanda a été abordée une nouvelle fois mardi 20 mai par un des hauts officiels américains, à savoir l'ambassadeur Troy Fitrell, haut responsable du bureau des Affaires africaines au département d’État. Lors d’un webinaire consacré à la diplomatie commerciale américaine en Afrique subsaharienne, il a partagé la vision des États-Unis au sujet du commerce avec le continent africain, notamment après sa récente visite en Afrique de l'Ouest. ACTUALITE.CD l’a interrogé sur l’évolution des discussions entre la RDC et le Rwanda au niveau des Etats-Unis et surtout la coordination avec les organisations et facilitations africaines.

Le diplomate américain rassure que les discussions évoluent bien et qu'un travail se fait en coulisse pour les harmoniser ainsi que les différentes initiatives de paix pour le retour de la paix dans l'Est de la RDC. 

"Je dirais que si vous aviez attendu l'accord de paix complet, vous auriez attendu pendant les 30 dernières années. L'un des aspects vraiment positifs de l'engagement des États-Unis sur ce dossier et d'ailleurs les deux parties nous ont expressément demandé de nous impliquer, est que nous insistons rapidement pour attirer l'attention. Nous ne croyons pas qu'il faille attendre six mois, un an pour la prochaine itération. Nous voulons une évolution rapide. Et jusqu'à présent, les choses ont évolué dans ce sens. Cela va de pair avec les processus de Nairobi, de Luanda, et avec nos amis du Qatar. Un travail considérable est en cours en coulisses pour garantir l'harmonisation de tous ces éléments. Il n'y a pas de recherche de lieux d'intervention. Il n'y a pas de conflit entre eux. Il s'agit de s'engager ensemble pour avancer vers un objectif commun", a répondu l'ambassadeur Troy Fitrell, haut responsable du bureau des Affaires africaines au département d’État américain.

Tout en démontrant le côté sombre de la guerre, le diplomate américain estime qu'avec les démarches en cours, les deux parties directement impliquées (NDLR :RDC et Rwanda) pourraient bénéficier bien davantage d'une économie formalisée et en même temps favoriser la paix au niveau de la région. 

"Or, l'un des points essentiels de l'engagement dans l'est de la RDC est qu'il n'y a rien au monde de plus coûteux et de moins efficace que la guerre. La croissance économique est également si importante que les deux parties directement impliquées pourraient bénéficier bien davantage d'une économie formalisée et de la paix, ce qui est le moteur de tout cela. Et oui, continuer à exploiter les opportunités économiques contribue à la stabilité ; cela permet de démontrer ce qui est disponible si nous parvenons à créer un environnement commercial plus favorable", a fait savoir le diplomate toujours en réponse à la question d’ACTUALITE.CD.

Pour lui, cette démarche ne devrait pas se limiter entre Kinshasa et Kigali mais au-delà de ces deux pays de la région. 

"Et il ne s'agit pas seulement du Rwanda et de la RDC. Il faut inclure le Burundi, l'Ouganda, et tous les autres pays voisins – l'Angola et le Zimbabwe. Tous ont tout à gagner. La région a besoin d'un accord de paix, et l'objectif est de progresser dans ce sens. Et je ne vais certainement pas m'excuser de notre ambition à ce sujet et de notre volonté de faire pression pour que des décisions soient prises rapidement. C'est l'un des atouts de notre engagement", a-t-il souligné.

S'agissant d'une prochaine réunion à Lomé (Togo), le diplomate répond : "Ceci dit, votre question sur une réunion à Lomé devrait être adressée à notre collègue, le représentant désigné par l'UA pour ce processus, le président du Togo. Et nous attendons cela avec impatience, car cela fait partie intégrante d'un processus bien ancré".

Les discussions pour la signature d'un accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda comme prévu dans la déclaration de principes signée à Washington sous l’égide des États-Unis, évoluent bien, a annoncé ce jeudi 15 mai 2025 Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État américain après échange avec Félix Tshisekedi et Paul Kagame. À l'en croire, son pays a déjà présenté un premier projet d'accord de paix aux deux parties et qui ont promis de collaborer avec les USA pour le peaufiner et parvenir à un consensus.

Les deux pays s’étaient engagés, lors d’une rencontre tenue le 26 avril à Washington, à présenter un texte commun au plus tard le 2 mai 2025. Cet engagement, entériné par les ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner (RDC) et Olivier Nduhungirehe (Rwanda), s’inscrit dans le cadre d’un processus diplomatique élargi, combinant les initiatives de Nairobi, de Luanda et de Doha, sous la coordination de la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA), de la SADC et avec le soutien de l’Union africaine.

Clément Muamba