Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a une nouvelle fois alerté face à la détérioration continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Nord-Kivu sous contrôle de la rébellion AFC/M23 soutenue par le Rwanda.
Dans un rapport publié le vendredi 16 mai 2025 et couvrant la période du 16 au 30 avril 2025, l'Agence des Nations-Unies relève des violences armées, des déplacements massifs et des menaces qui pèsent sur des milliers de civils. Dans le territoire de Walikale, elle note le retour des populations dans leurs milieux respectifs sans être assurées des conditions sécuritaires requises.
"Des mouvements de retour ont été observés dans la cité de Walikale-centre depuis le 3 avril, mais cette tendance reste fragile et ne concerne pas les zones encore affectées par les violences, notamment sur l’axe Nyabiondo-Mutongo-Pinga, où les combats se sont poursuivis au cours de deux dernières semaines du mois d’avril. Le 17 avril, à la suite d’affrontements entre des groupes armés à Buleusa (zone de santé de Kibua), une grande partie de la population locale a fui vers Pinga-centre, ainsi que vers le sud de Lubero. Les données de ce mouvement de population font défaut en raison des contraintes logistiques. Des sources locales font état de déplacements massifs de population dans un contexte de grande précarité", rapporte OCHA RDC dans sa note d'information.
Entre le 24 et le 27 avril, précise OCHA RDC, plus de 2 000 personnes (450 ménages) ont fui les villages de Malembe, Banamongera, Kando et Bagira (groupement Waloa-Luanda) par suite d’affrontements entre factions rivales d’un groupe armé.
"Ces déplacés ont été accueillis dans la localité d’Ibiro (groupement Bakano), où ils sont hébergés dans des familles d’accueil et des centres collectifs surpeuplés. Ils demeurent sans accès à une assistance alimentaire, médicale, eau, hygiène et assainissement (EHA). Parallèlement, entre le 14 et le 15 avril, près de 6 500 personnes ayant fui les combats à Masisi ont trouvé refuge dans plusieurs localités de la zone de santé de Kibua (Kimua, Ntando, Mukoberwa, Kailenge et Langira). Aucun acteur humanitaire n’est présent dans la zone, ce qui empêche, à ce stade, toute réponse humanitaire", ajoute la note d'information.
Territoire de Rutshuru
Selon l'Agence de l'Onu, les affrontements entre groupes armés se poursuivent dans le territoire de Rutshuru, mettant gravement en danger la protection des civils. Entre le 18 et le 27 avril, des combats intenses ont eu lieu dans 11 villages des groupements de Tongo, Bukombo, Mutanda et Kihondo (chefferie de Bwito), entraînant le déplacement de 1 773 ménages (plus de 10 600 personnes) vers les cités de Tongo et Nyanzale, considérées comme plus sûres.
"La chefferie de Bwisha, qui avait connu une relative accalmie depuis janvier, a également été touchée par des violences les 25 et 26 avril, sur l’axe Bugomba-Katale, près de Rumangabo. Des sources locales rapportent quatre morts et plusieurs blessés parmi les civils. Bien qu’une trêve ait été observée par la suite, la proximité des positions des belligérants maintient un risque élevé de reprise des hostilités, susceptible de restreindre l’accès humanitaire. Par ailleurs, plus de 1 750 personnes (293 ménages) ont été accueillies dans la cité de Vitshumbi, zone de santé de Kibirizi, après des affrontements armés à Kamandi-Port et Kipese, dans le territoire de Lubero", révèle l'Agence Onusienne.
Territoire de Masisi
Pour l'Agence des Nations-Unies, le contexte sécuritaire dans le territoire de Masisi reste marqué par une escalade de violence entre groupes armés. Le 25 avril, des combats violents ont éclaté dans la zone de santé de Masisi, notamment autour de la localité de Kinyumba, à 5 km du centre de Nyabiondo.
"Ces affrontements se sont rapidement étendus à plusieurs localités voisines dont Burubi, Kibanda, Kikomo et Kasopo. En conséquence, plusieurs familles ont été contraintes de fuir vers le centre de santé de Nyabiondo ; d’autres se sont dirigées vers Kashebere, dans le territoire voisin de Walikale. Des tensions persistent dans d’autres zones du territoire. Les affrontements du 21 avril à Bibatama et Mungote (groupement Kibabi), ainsi qu’à Luke (groupement Nyamaboko 2) ont occasionné un déplacement massif de population. L’ampleur réelle de ce déplacement reste à préciser en raison des difficultés d’accès rencontrées par les acteurs humanitaires dans la zone", a indiqué OCHA RDC dans son rapport.
Et de poursuivre :
"La protection des civils est gravement compromise par la violence ciblant les personnes civiles, mais également par la menace persistante d’engins non explosés. Le 16 avril, un enfant a perdu la vie et trois autres ont été blessés dans l’explosion d’un engin à Sake. Par ailleurs, la sécurité des humanitaires reste gravement compromise par l’insécurité persistante et la criminalité violente. Le 19 avril, un travailleur humanitaire a été tué à son domicile à Masisi centre ; après deux autres assassinats d'acteurs humanitaires dans la même zone, survenus en janvier et février".
La situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) se détériore fortement, entraînant de graves violations des droits humains et des atteintes à ces derniers, dont des exécutions sommaires, notamment d’enfants, et des violences sexuelles et fondées sur le genre liées au conflit.
Des initiatives diplomatiques de paix au niveau régional et international pour le retour de la paix dans l'Est de la RDC n'ont pas encore produit des résultats escomptés. Le mouvement rebelle M23/AFC soutenu par le Rwanda, éprouve également d'énormes difficultés pour répondre aux besoins des populations de l'Est de la RDC.
Clément Muamba