Des forums devront être organisés dans l'ensemble du Grand Bandundu dans les deux prochains mois, face à l'activisme de la milice Mobondo, d'après l'annonce faite par le VPM de l'Intérieur et Sécurité lors de son meeting en début de semaine à Kenge, chef-lieu de la province du Kwango, dans le cadre de la nouvelle gouvernance sécuritaire.
Le député national Garry Sakata, qui salue cette approche, estime qu'il faut la repenser. D'après l'élu de Bagata, il est impérieux d'analyser, tout d'abord, les causes des échecs des deux précédentes initiatives de résolution de cette crise sécuritaire. La critique, il la formule à trois niveaux : " l'initiative de négociation uniquement avec les bourreaux ; en deuxième lieu, avec des chefs coutumiers qui, d'après l'élu, n'avaient aucune envergure ; enfin, la nomination comme médiateur d’un ressortissant d'une des parties en conflit ", comme causes de l'échec.
L'élu de Bagata propose un travail préparatoire de fond avant d'aboutir à l'organisation de ces forums.
" L'on doit d'abord identifier les vraies causes du conflit, impliquer les vrais leaders locaux de toutes les communautés concernées. Le processus doit être le plus inclusif possible et le plus transparent. On doit clairement envisager des sanctions contre les auteurs des actes affreux par des procès publics pour que cela ne se répète jamais. Les déplacés doivent avoir les assurances d'être rétablis dans leurs droits, indemnisés par l'État, mais également de regagner leurs villages respectifs ", a déclaré le député national Garry Sakata.
En juin prochain, trois ans vont s'écouler depuis le début de l'activisme de la milice Mobondo à Kwamouth, des incursions qui ont aussi affecté deux autres provinces du Grand Bandundu (Kwilu et Kwango), le territoire de Kimvula au Kongo Central et la commune de Maluku à Kinshasa.
Deux initiatives majeures ont été engagées en 2024 pour tenter de ramener la paix dans les zones affectées par le conflit Mobondo. La première, en avril, avait abouti à la signature d’un acte d’engagement global et inclusif entre les représentants des communautés Teke et Yaka devant le chef de l'État Félix Tshisekedi. Les signataires s’étaient engagés à cesser les hostilités, à promouvoir la cohabitation pacifique et à permettre le retour des déplacés. Mais cette initiative avait été fragilisée par la reprise immédiate des violences, notamment une attaque le jour même à Engweme.
En septembre 2024, une retraite organisée à Kinshasa par la Vice-Primature en charge de l’Intérieur a réuni les parties prenantes au conflit Mobondo. Cette initiative a abouti à des résolutions concrètes, notamment le renforcement de la présence sécuritaire à Kwamouth avec la création de nouveaux CIAT, l'installation de parquets et l'organisation de procès publics contre les auteurs des violences.
Sur le plan socio-économique, les résolutions prévoyaient la suppression des barrières illégales sur la RN17, l'exonération fiscale pendant cinq ans pour les populations de Kwamouth, l'indemnisation des victimes, ainsi que l'identification et la certification des chefs coutumiers et des fermiers du Grand Bandundu. Malgré ces engagements, la mise en œuvre effective de ces mesures reste un défi majeur.
Jonathan Mesa