Elles ont fait l’actu cette semaine

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Francine Muyumba et Sylvia Bongo

Cette semaine, l’actualité politique africaine a été marquée par la prise de parole de figures féminines au cœur des tensions institutionnelles et judiciaires. En République Démocratique du Congo, Francine Muyumba s’est exprimée publiquement contre la procédure de levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila. Au Gabon, l’ancienne première dame Sylvia Bongo a retrouvé la liberté après plus d’un an et demi de détention, dans un contexte de transition politique toujours en cours. Deux femmes, deux contextes, un même écho : celui de la place croissante des femmes dans les enjeux de pouvoir sur le continent.

Francine Muyumba : une voix juridique face à une procédure contestée

Le jeudi 15 mars, le Sénat de la République Démocratique du Congo a été appelé à examiner une demande de levée d’immunité visant l’ancien président Joseph Kabila, soupçonné de liens avec le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC). Une initiative controversée, qui a suscité des réactions au sein de la classe politique, notamment celle de Francine Muyumba, ancienne sénatrice et cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).

Dans une déclaration publiée sur le réseau X (anciennement Twitter), Francine Muyumba a remis en cause la compétence du Sénat pour statuer sur cette demande. Selon elle, les immunités de Joseph Kabila relèvent de son statut d’ancien chef d’État, et non de son mandat parlementaire. Elle a ainsi estimé que la procédure manquait de base légale et aurait dû être rejetée dès la phase de recevabilité.

L’ancienne parlementaire a également mis en garde contre les risques de fragilisation de l’État de droit et d’escalade politique à un moment où, selon ses termes, la RDC a « un besoin urgent d’unité et de paix ». Elle a dénoncé une démarche qui, selon elle, contribuerait à alimenter les tensions plutôt qu’à les apaiser.

Sylvia Bongo : retour en liberté dans un contexte de normalisation

Pendant ce temps, au Gabon, c’est une décision à portée symbolique qui a retenu l’attention. L’ancienne première dame Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo ont été libérés après plus de 19 mois de détention, consécutifs au coup d’État militaire du 30 août 2023 qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba.

Selon plusieurs sources concordantes, les deux membres de la famille Bongo ont quitté leur lieu de détention vendredi matin pour être assignés à résidence à Libreville, dans la résidence familiale. Ils y ont rejoint l’ancien président, toujours placé sous surveillance.

Cette libération intervient dans un contexte de réouverture diplomatique et de retour progressif à l’ordre constitutionnel au Gabon. Le 12 avril dernier, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu président, et l’Union africaine a levé ses sanctions à l’encontre du pays le 30 avril. La présidence angolaise a par ailleurs confirmé que la libération de la famille Bongo faisait suite à une médiation menée par le président Joao Lourenço.

Bien que toujours sous contrôle judiciaire, la libération de Sylvia Bongo marque une étape dans le traitement du dossier post-putsch au Gabon. Elle relance également les débats sur la gestion des transitions politiques et le respect des droits fondamentaux des personnes impliquées dans les anciens régimes.

Regards croisés

Si leurs contextes diffèrent, Francine Muyumba et Sylvia Bongo illustrent toutes deux la manière dont des figures féminines interviennent désormais, à des niveaux variés, dans les grands débats politiques et institutionnels du continent. L’une par la parole, l’autre par sa situation personnelle, elles rappellent que les enjeux du pouvoir, de la justice et de la gouvernance ne sont pas réservés aux seuls acteurs masculins.

Leur présence dans l’actualité souligne la complexité des dynamiques en cours en Afrique centrale, entre exigences de légalité, volonté de réforme et gestion des héritages politiques.

Nancy Clémence Tshimueneka