Levée des immunités de Kabila : «  le sénat n'a donc aucune base légale pour révoquer une protection d'une loi spécifique relative aux anciens présidents »  (Francine Muyumba)

Photo d'illustration
Joseph Kabila

Jeudi 15 mars 2025, tous les regards étaient braqués sur le sénat, où les élus des élus devaient, examiner le réquisitoire de l'auditeur général des forces armées de la RDC demandant la levée des immunités de Joseph Kabila, ex chef de l'État pointé pour sa complicité présumée avec le mouvement politico-militaire de l'Alliance fleuve Congo (AFC). Des voix s’élèvent pour dénoncer cette démarche.

C'est le cas de Francine Muyumba, cadre du PPRD, qui remet en cause le pouvoir du sénat qui ne s'appuie sur aucune base légale pour révoquer cette protection de Joseph Kabila.

«Les immunités de l'ancien Président Joseph Kabila lui sont accordées en vertu de son statut d'ancien Chef de l'État, et non en tant que sénateur élu. Le Sénat n'a donc aucune base légale pour révoquer une protection qui découle d'une loi spécifique relative aux anciens présidents. Cette initiative devrait déjà être rejetée par le Sénat au stade de la recevabilité», a-t-il écrit sur le réseau social X, anciennement Twitter.

L'ancienne sénatrice, qui estime que la chambre haute du parlement devrait rejeter cette demande bien avant sa phase de recevabilité, craint un acte qui risque de donner lieu à la fragilisation de l'État de droit ainsi qu’à l'accentuation des tensions politiques, à un moment où la RDC a un besoin urgent d'unité et de paix».

«Le gouvernement choisit pourtant d'alimenter les divisions internes au lieu d'y apporter des solutions», regrette-t-elle. 

Laurent Onyemba, avocat de Moïse Katumbi, de Matata Ponyo et de plusieurs autres opposants, s'oppose à la levée des immunités de Joseph Kabila, qu'il considère d'un «recul démocratique sans commune mesure, aux conséquences suicidaires». Sur X, ce mercredi, il déclare que le PPRD, désormais visé par une demande de Kinshasa qui en réclame la dissolution, «est un patrimoine national comme l'UDPS/Tshisekedi», parti au pouvoir après plus de 30 ans dans l'opposition. 

Plusieurs fois accusé par son prédécesseur, Félix Tshisekedi, d'être le maître de l'AFC, Joseph Kabila, qui est sous le collimateur de la justice et dont cette dernière a ordonné la saisie des biens, a été aperçu pour la dernière fois avec l'ancien président Nigérian, Olusegun Obasanjo. Le siège national de son parti politique, situé dans le centre ville, a été remis à sa propriétaire, victime de spoliation, selon Kinshasa. 

En avril dernier, une série de perquisitions ont été opérées dans plusieurs de ses maisons à Kinshasa et dans sa ferme de Kundelungu, dans la province du Haut-Katanga, par les forces de l'ordre. En réaction, Ferdinand Kambere, secrétaire général adjoint du PPRD  avait, dans une interview à ACTUALITÉ.CD, dénoncé la persécution de Joseph Kabila, dénonçant «des décisions arbitraires» du gouvernement en place qui, selon lui, ont été prises sur base «d'une rumeur répandue sur les réseaux sociaux», faisant état de la présence de Joseph Kabila a Goma.

Samyr LUKOMBO