Maniema : couvre-feu instauré à Kindu après des altercations entre force de l’ordre et miliciens wazalendo

Une jeep de la police devant l'Assemblée provinciale du Maniema
Une jeep de la police devant l'Assemblée provinciale du Maniema

Le conseil provincial de sécurité réuni en urgence ce jeudi a décidé d’instaurer un couvre-feu entre 20h30 et 5h00 sur toute l’étendue de la ville de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema. Kindu a vécu un avant midi sous haute tension jeudi après « des échanges de tirs entre les FARDC, la PNC et un groupe se réclamant des Wazalendo, au quartier Tokolote, dans la commune de Mikelenge », selon le communiqué du conseil provincial de sécurité.

Ce conseil, réuni plusieurs heures au gouvernorat, a débouché sur des mesures immédiates, détaillées dans un communiqué lu par le Ministre provincial de l’Intérieur, Lawamo Selemani Taylor.

« Ce jeudi 14 Août 2025 vers 7h30, les éléments de l'ordre ont été attaqués par le groupe qui s'est dit des Wazalendo dirigé par Mr Amani Useni Josué alias Sadam; général autoproclamé. Dans leur passage, ils ont tiré sur le cortège des éléments de sécurité, barricadé les routes tout en empêchant ainsi la population de vaquer à ses occupations. La cause selon eux, serait une revanche du fils de Mr Saddam qui aurait été tabassé par les patrouilleurs la nuit du 13 au 14 Août de cette année sans n’avoir déterminé ni l'identité de la victime ni le lieu moins encore l'hôpital où il aurait été interné », a expliqué le communiqué du gouverneur lu par Lawamo Selemani Taylor, ministre provincial de l'intérieur du Maniema.

Selon le communiqué, durant toute la période de couvre-feu, seuls les engins transportant les malades sont autorisés à circuler.

Le communiqué ne précise pas le nombre exact de morts et de blessés. Il fait état, à ce stade, de pertes en vies humaines de part et d’autre, de disparus, de blessés, d’une dizaine de personnes capturées et de dégâts matériels importants. Les autorités affirment que la situation est désormais sous contrôle des forces de l’ordre.

Les autorités promettent de communiquer ultérieurement sur l’évolution du bilan à mesure de la consolidation des informations.

Le Gouverneur de la province du Maniema, Mussa Kabwankubi a invité la population et les chefs des quartiers, blocs, avenues ou encore ceux de nyumba kumi à dénoncer tous les mouvements suspects en utilisant les numéros verts qui sont : 083 22 23 066 ou encore 085 52 94 444.

Kabwankubi appelle aussi les Wazalendo cantonnés à Katako de regagner leur lieu de cantonnement et autres de ne pas céder à l'appel de ce mouvement.

Pour rappel, la ville de Kindu a connu une journée de jeudi tendue entre les forces de l’ordre et les éléments wazalendo. D’après plusieurs témoignages, la tension s’est amorcée à Katako, à environ 7 km du centre-ville, lorsque des éléments wazalendo cantonnés sur place auraient exigé des rations alimentaires aux habitants. Une altercation avec un policier affecté à la barrière de la localité aurait servi de détonateur, précipitant l’embrasement et la descente des assaillants vers le cœur de Kindu. Les échanges nourris de tirs qui ont suivi ont paralysé la ville durant plusieurs heures, contraignant commerçants et riverains à se barricader.

Si le calme est revenu dès le début d’après-midi, la psychose demeure dans plusieurs quartiers.  Sur les réseaux sociaux, des images et récits contradictoires circulent, amplifiant la peur et les spéculations.

Des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent les corps de trois personnes, dont un policier, gisant sur le sol. D’autres sources évoquent cinq à dix morts, mais aucun bilan officiel n’a été communiqué à l’heure actuelle. Le flou persiste sur le nombre exact de victimes, ce qui alimentent l’inquiétude des habitants.