Tshopo : l'exploitation minière illicite continue malgré l'interdiction de l'Assemblée provinciale

Ph. ACTAULITE.CD

Des sujets étrangers, en collaboration avec des coopératives congolaises, poursuivent l'exploitation minière dans la province de la Tshopo, à en croire des membres de la société civile dans des différents territoires de la province. 

Samedi 8 février dernier, des voix se sont élevées pour dénoncer. Par exemple, à Bafwasende, comme à Banalia, l'exploitation des minerais continue. La société civile, parfois impuissante face à la réalité, multiplie des alertes à l'endroit des autorités compétentes. 

Dans le territoire de Bafwasende, la société civile forces vives constate des activités d'exploitation minière dans les secteurs de Bakundumu, Bafwandaka et Bemili. Franck Bangwabedi, président de cette société civile, note la présence des sociétés chinoises dans ces endroits. 

« Elles collaborent avec des coopératives qui ne respectent pas les lois congolaises et les normes de l'exploitation », a dit Franck Bangwabedi. 

Il en est de même dans le territoire de Banalia où « maintenant, à Mangi, il y a des engins qui partent à Mangi pour exploiter », explique Didier Maindo de la société civile forces vives de Banalia. 

Plusieurs véhicules sont d'ailleurs bloqués ces jours à Banalia centre. Ils attendent de traverser la rivière Aruwimi dont le bac est en panne depuis mercredi dernier. Selon l'Administrateur du territoire, Gilbert Akapamba, il s'agit de véhicules transportant du combustible en destination des sites d'exploitation minière. 

Si à Bafwasende la société civile accuse les exploitants d'exercer sans documents ; à Banalia, l'administrateur du territoire ne s'est pas prononcé à ce sujet. Toutefois, il a, dans son récent rapport, compté 75 sujets étrangers dans les sites miniers de son territoire. Oracle Mining, Société Libela et COPEMO sont activement dans l'exploitation avec des coopératives locales comme collaboratrices. 

« Aucune coopérative n'a les documents. On a dénoncé plusieurs fois auprès de l'exécutif provincial et à l'Assemblée provinciale, aucune solution … Comme c'est la politique, on ne sait pas s'ils sont corrompus », a dit la société civile de Banalia. 

Les conséquences du non-respect des normes d'exploitation pèsent énormément sur les populations locales. Nombreuses vivent de la pêche et s'abreuvent dans des rivières qui sont désormais polluées. À Bafwasende, les eaux des rivières Ituri, Aruwimi et Nepoko ; à Banalia, la rivière Aruwimi, deviennent de plus en plus sales et moins propices pour la pêche. 

« Ils nuisent à la santé de la communauté locale et ne savent pas comment indemniser les gens ni respecter les jouissances coutumières. L'environnement de la population riveraine est en danger », a dit Bangwabedi de Bafwasende. 

La rivière Télé, dans le territoire de Banalia, connaît aussi une pollution. Cette rivière sert également certains villages de la province du Bas-Uele. Didier Maindo a également soulevé un conflit entre les provinces de Bas-Uele et de la Tshopo suite à la pollution de cette rivière. Les conséquences touchent également des forêts qui sont désormais détruites.

Ces alertes tombent alors que l'Assemblée provinciale a déjà interdit l'exploitation minière dans la province. Cette décision prise décembre 2024 pour lutter contre l'exploitation illégale des ressources minières et protéger l'environnement. En septembre, une délégation des députés provinciaux revenue d'une mission à Bafwasende avait révélé que certains opérateurs miniers font croire qu'ils sont dans la phase de recherche alors qu'ils sont dans l'exploitation. 

Gaston MUKENDI, à Kisangani