Accord de paix de Washington : « Les massacres perpétrés par le M23, soutenu par le Rwanda, mettent en lumière les écarts qui existent entre la rhétorique sur la scène internationale et la réalité pour les civils dans l’est de la RD Congo » (HRW)

Signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis
Signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis

Human Rights Watch a publié ce mercredi 20 août le résultat de son enquête qui accuse les rebelles de l’AFC/M23 d’avoir massacré plus de 140 civils en juillet dernier près du parc des Virunga, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). La plupart des victimes sont des agriculteurs membres de la communauté hutu, selon HRW. Cette nouvelle accusation survient dans un contexte marqué par la recherche de la paix entre la RDC et le Rwanda, deux pays voisins qui ont signé le 27 juin dernier, un accord sous la médiation des USA, afin de mettre fin à des décennies d’instabilité dans l’est congolais.

« Les meurtres dans le territoire de Rutshuru ont été commis quelques semaines après un accord préliminaire dans le cadre de l’accord de paix négocié par les États-Unis et signé le 27 juin entre la RD Congo et le Rwanda, qui exige que la RD Congo mette en œuvre un plan pour « neutraliser » les FDLR pendant que le Rwanda se retire du territoire congolais », indique le rapport de l’enquête.

L’ONG rappelle que l’accord de Washington exige aussi des parties au conflit de protéger les civils, y compris en facilitant la liberté de mouvement de la mission de maintien de la paix de l’ONU. Les tueries en masse des civils dans le Rutshuru s’inscrivent, d’après HRW, dans le cadre d’une campagne militaire contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), et appellent à « des enquêtes crédibles du mécanisme conjoint de coordination de la sécurité »

« Les massacres perpétrés par le M23, soutenu par le Rwanda, mettent en lumière les écarts qui existent entre la rhétorique sur la scène internationale et la réalité pour les civils dans l’est de la RD Congo », a conclu Clémentine de Montjoye. « Les gouvernements qui concluent des accords de paix restent soumis au droit de la guerre, et les personnes responsables de crimes de guerre devraient encore faire l’objet d’enquêtes approfondies et être traduites en justice. »

Selon HRW, le massacre a été perpétré dans 14 villages et localités du groupement Binza. Ces entités sont : Busesa, Kakoro, Kafuru, Kasave, Katanga, Katemba, Katwiguru, Kihito, Kiseguru, Kongo, Lubumbashi, Nyamilima, Nyabanira et Rubare.

Il y a quelques semaines, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a accusé la rébellion d’avoir tué 319 personnes entre le 9 et le 21 juillet derniers. Dans son rapport, le Haut-Commissaire indiquait également que ces attaques ont visé les paysans dans leurs fermes. Cette enquête a été dénoncée par l’AFC/M23 qui a parlé d’un rapport « mensonger de l’ONU ».

En juillet, ACTUALITE.CD a rapporté des opérations menées par les rebelles de l’AFC/M23 contre les combattants hutus rwandais FDLR dans plusieurs villages et localités du groupement Binza, dans le territoire de Rutshuru. Selon plusieurs sources locales, plusieurs paysans ont été pris à partie, nombreux ne sachant pas s’exfiltrer dans la forêt. Par ailleurs, plusieurs milliers d’habitants ont été contraints par l’AFC/M23 de quitter leurs villages au motif qu’il s’agit des zones opérationnelles contre les FDLR.