Maniema : sans internet, avec des routes impraticables, le territoire de Lubutu quasiment enclavé

Un rond-point à Lubutu
Un rond-point à Lubutu

Au fond du Maniema, proche de la province de la Tshopo, environ 200 000 personnes vivent dans une impasse communicationnelle. Le territoire de Lubutu, à 244 kilomètres de Kisangani et 400 kilomètres de Kindu, tend à l'enclavement, suite au mauvais état des routes et même de la quasi absence de connexion Internet. 

Trois sociétés de télécommunication couvrent Lubutu centre, cependant de manière insuffisante. La navigation varie entre 2G et 3G dans un temps strictement limité. À Lubutu, les utilisateurs des téléphones intelligents doivent attendre jusqu’à 1h00 du matin pour se connecter aux réseaux sociaux. Tout s'arrête à 5h00 du matin. 

C'est le quotidien de Kas, pharmacien au quartier Panama de Lubutu. Les SMS, via un petit téléphone, sont son moyen de communication préféré. « Les forfaits coûtent. 70 SMS se vendent à 500 FC ici,  alors qu'à Kisangani 500 SMS s'achètent à 600 FC », dit-il. 

Pour contourner cette difficulté, quelques nantis se dotent d'un réseau WiFi et le commercialisent. Il faut payer 3 000 FC pour bénéficier journalièrement de ce service. Quelques hôtels et terrasses qui offrent ce service exigent aussi la consommation des boissons. Ce qui empêche plusieurs de s'y rendre pour se connecter au monde extérieur. 

Lubutu vraiment enclavé 

Lubutu est une jonction. En y passant, il est possible d'atteindre quatre grandes villes: Goma, Bukavu, Kindu ou encore Kisangani. Créé par les aïeuls Kumu, l'entité est devenue cosmopolite au fil des années. Plusieurs peuples des provinces voisines y excellent dans le commerce ou dans l'exploitation minière. 

Les routes qui connectent Lubutu aux grandes villes du pays se dégradent chaque jour. La RN3, dès le territoire d'Ubundu dans la Tshopo, est un véritable chemin de la croix. Si, avant 2016, il était possible d'effectuer un voyage aller-retour en un seul jour de Kisangani à Lubutu, actuellement il faut pratiquement compter  des semaines. 

Il en est de même pour le tronçon Lubutu-Kindu. La route, envahie par des herbes et des trous béants, ressemble aux avenues. Ce même tronçon va jusqu'à Punia, une agglomération très populaire pour sa richesse en sous-sol, notamment les cassitérites. Aussi, ceux de Kambakamba, un village rempli de cuivre, y passent. 

Selon plusieurs camionneurs bloqués dans les fossés, de Lubutu à Punia, 134 kilomètres, leurs camions peuvent atteindre un mois de voyage. Des véhicules ne fréquentent plus le tronçon compris entre Lubutu et Kindu. Les motos durent au moins 3 jours de voyage. 

Et comme conséquence : la cherté de la vie, a-t-on constaté dans des boutiques et au marché. Les prix augmentent jusqu'à 150%. La lame de rasoir coûte 250 FC, contre 100 FC à Kisangani. Face au manque criant de fluidité de la connexion internet et la dégradation des routes, les attentes des populations sont énormes. 

Gaston MUKENDI, à Lubutu