Amnesty International a publié ce mercredi 20 août, un rapport intitulé « Ils nous ont dit qu’on allait mourir » dans lequel il revient sur les atrocités que subissent les populations civiles suite à la guerre entre les rebelles de l’AFC/M23 et les forces gouvernementales dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces exactions sont notamment des exécutions sommaires, attaques des hôpitaux, enlèvement de patients et de torture. L’ONG interpelle le Rwanda sur les exactions de ses troupes et demande au président Tshisekedi de s'engager pour que les wazalendo coupables des violations soient traduits en justice.
« Le président congolais doit faire en sorte que les combattants wazalendo, accusés plusieurs fois pour des crimes dans l’est de la RDC, soient traduits en justice. Considérant le Rwanda comme parti au conflit, il l’exhorte à contraindre ses forces présentes sur le sol congolais à respecter le droit international humanitaire. La brutalité des parties belligérantes ne connaît aucune limite. Ces atrocités visent à punir, intimider et humilier les civiles, alors que chaque côté tente d’asseoir son contrôle », a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
L’organisation souhaite que les deux pays voisins puissent assumer pleinement leurs responsabilités dans la crise qui déchire l’est congolais.
Dans ses enquêtes, l’ONG a révélé que, outre les M23 et les wazalendo, auteurs connus de violences sexuelles, les FARDC ont également posé le même acte sur une civile.
« Sur les 14 survivantes de violences sexuelles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu avec lesquelles Amnesty International s’est entretenue, huit ont affirmé avoir été violées en réunion par des combattants du M23, cinq par des wazalendo et une par des soldats des FARDC », indique-t-elle.
Cette organisation de défense des droits de l’homme interpelle la RDC et le Rwanda de ne pas continuer à fuir leurs responsabilités, mais d’amener tous les auteurs présumés à répondre de leurs actes ».
« Il est temps que le président de la RDC, Félix Tshisekedi, honore son engagement à l’égard de la justice et de l’obligation de rendre des comptes et fasse en sorte que les combattants wazalendo qui commettent des crimes soient traduits en justice et que les autres soient démobilisés et réintégrés dans la vie civile. En tant que partie au conflit, le Rwanda doit faire en sorte que tous les membres des Forces rwandaises de défense présents en RDC respectent le droit international humanitaire», a martelé Tigere Chagutah.
A travers ce rapport, Amnesty International a relaté plusieurs témoignages effroyables des victimes des viols collectifs perpétrés par des rebelles du M23 et des combattants wazalendo dans les Nord et Sud-Kivu, d’autres accusées par ces jeunes dit patriotes de soutenir les rebelles, soutenus par le Rwanda.
« Dans l’est de la RDC, les femmes ne sont en sécurité nulle part : elles sont violées chez elles, dans des champs ou dans les camps où elles cherchent refuge. Il faut que le monde dise “stop”. Toutes les parties belligérantes doivent accorder la priorité à la protection des civils, notamment des femmes et des filles, qui continuent de payer le plus lourd tribut à ce conflit », a ajouté Tigere Chagutah.
En masse dans les Nord et Sud-Kivu, les combattants wazalendo sont constitués des miliciens jadis combattus par le gouvernement, mais qui se sont devenus alliés des FARDC pour combattre la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Ils sont accusés des plusieurs exactions, notamment des tueries et l’instauration illégale des diverses taxes pour rançonner la population.
Dans le territoire de Mwenga, par exemple, des habitants, exacerbés, ont dû décréter, à dater du 18 août dernier, trois journées ville morte pour exprimer leur colère contre les tracasseries dont ils sont victimes de la part des militaires des FARDC et leurs alliés wazalendo. Ils accusent ces derniers de multiplier des barrières sur plusieurs voies afin de rançonner les usagers.
Présentement, ils ont également élu domicile dans la province du Maniema, où ils s'affrontent, en pleine ville de Kindu, avec les FARDC, suscitant une panique au sein des habitants.
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Samyr LUKOMBO