Pour lutter contre la fraude et le blanchiment d’argent en République Démocratique du Congo (RDC), la Cellule nationale des renseignements financiers (Cenaref) et l’Ordre national des experts-comptables (ONEC) ont signé ce mercredi 20 août 2025 à Kinshasa un protocole d’accord, qui va permettre notamment d’empêcher les entreprises de falsifier leurs états financiers, souvent en connivence avec des experts-comptables en toute impunité.
Selon ce protocole d’accord, tenter de manipuler ou de dissimuler les informations financières pourrait entraîner désormais des « sanctions sévères », conformément à l’arrêté n°053 du ministre des finances, Doudou Fwamba, du 11 août 2025.
Il envisage entre autres : le renforcement de la formation des experts-comptables sur la détection et la prévention du blanchiment d’argent ; le partage d’informations entre la Cenaref et l’ONEC sur les pratiques financières douteuses ; le déploiement de missions de contrôle renforcées, sur pièces et sur place, dans les cabinets d’expertise comptable ; ainsi que l’application de sanctions pécuniaires en cas de manquements graves ou de complicité dans des activités illégales.
« C’est un signal fort pour une tolérance zéro contre la fraude et les pratiques de maquillage des bilans ou de dissimulation des transactions suspectes avec l’aide de comptables véreux », ont expliqué tour à tour Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cenaref, et Jean-Marie Tumba, président national de l’ONEC.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la réponse aux exigences du Groupe d’Action Financière (GAFI), qui a placé la RDC sous « surveillance renforcée ». Les autorités de la RDC sont ainsi appelées à renforcer leur dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Depuis sa création, la Cenaref s’engage également à surveiller les acteurs exposés à des pratiques de corruption, de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, parmi eux, les experts-comptables.
Lors d’une conférence de presse le 1er juillet dernier, Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cenaref, avait appelé les autorités de la RDC à accélérer les réformes susceptibles de faire sortir la RDC de la liste grise du GAFI.
Selon lui, demeurer sur cette liste va réduire les investissements étrangers et l’aide internationale ; accroître les difficultés pour lever des fonds sur les marchés financiers internationaux ; et ralentir la croissance économique et le développement du pays.
Bruno Nsaka