En marge de sa participation à la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), à Yokohama, la Première Ministre de la République démocratique du Congo, Judith Suminwa Tuluka, a échangé mercredi 20 août avec M. Raouf Mazou, Haut-Commissaire adjoint chargé des opérations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon la cellule de communication de la Primature, les échanges ont porté sur la question "sensible" du rapatriement des réfugiés congolais se trouvant au Rwanda et des réfugiés rwandais présents en RDC.
À cette occasion, la Cheffe du Gouvernement Judith Suminwa a insisté sur la nécessité d’un processus rigoureusement encadré par le HCR, afin d’éviter tout dérapage et de garantir une identification claire des réfugiés appelés à regagner la RDC, dans le but de prévenir de nouvelles crises. Judith Suminwa a également attiré l’attention de son interlocuteur sur la situation des réfugiés congolais au Burundi, appelant le HCR à assurer leur encadrement jusqu’à leur retour au pays.
Pour sa part, Raouf Mazou a salué les efforts de paix en cours qui ouvrent la voie au rapatriement volontaire et sécurisé des populations.
« J’ai été honoré d’être reçu par Mme la Première Ministre. Je lui ai rendu compte des discussions tenues le mois dernier, lors de la tripartite d’Addis-Abeba, sur le rapatriement des Congolais du Rwanda et des Rwandais en RDC. Nous nous félicitons du processus de paix en cours, qui devrait permettre un retour rapide des réfugiés dans la dignité et la sécurité », a-t-il déclaré à l'issue de l'entretien avec Judith Suminwa.
Selon le HCR, plusieurs milliers de Congolais ont trouvé refuge au Rwanda au fil des années, fuyant l’instabilité sécuritaire dans l’Est du pays, tandis que des réfugiés rwandais vivent en RDC depuis de longues décennies.
« Notre mandat est de garantir que ces rapatriements se fassent de manière volontaire, dans la dignité et la sécurité, qu’il s’agisse des Congolais au Rwanda ou des Rwandais en RDC », a rappelé M. Mazou.
Cette rencontre intervient quelques semaines après la signature de l'accord tripartite, impliquant la République Démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Cet accord a été signé à Addis-Abeba pour faciliter le rapatriement volontaire des réfugiés. Cet accord vise à relancer le processus de retour sécurisé des réfugiés rwandais en RDC et des réfugiés congolais au Rwanda.
La question des réfugiés a toujours figuré parmi les points de discorde entre Kinshasa et Kigali alors que cette tripartite intervient après la signature de l'accord de Washington entre Kinshasa et Kigali mais aussi après la signature de la déclaration de principes entre Kinshasa et la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Dans ces deux processus de paix conduits par les États-Unis d'Amérique et le Qatar, la question des réfugiés est prise en charge.
Se basant sur les derniers chiffres du HCR, Thérèse Kayikwamba a, lors d'un récent briefing presse, fait le point sur le nombre de réfugiés de ces deux États.
“En termes de situation des réfugiés, les derniers chiffres en notre possession parlent d’à peu près 132.000 réfugiés rwandais qui sont en RDC contre 135.000 congolais qui seraient au Rwanda comme réfugiés, selon le HCR. C’est un enjeu majeur : on parle de plus de 250.000 personnes, un quart de million de personnes qui sont toujours à l'étranger, qui n'ont pas encore eu l'occasion de revenir chez eux et pour lesquels on doit créer des conditions propices pour leur retour. Ça sera donc une priorité de cet accord en plus de s'assurer que tout retour se fasse dans le cadre de cette tripartite ”, a indiqué la ministre des affaires étrangères.
Clément Muamba