RDC : tracasseries routières sur le tronçon Isongo-Mbandaka (RN4), désertion et flambée des prix constatées

Vue aérienne du village Isongo, situé à plus de 60 kilomètres de la ville d'Inongo dans le Maï-Ndombe
Vue aérienne du village Isongo, situé à plus de 60 kilomètres de la ville d'Inongo dans le Maï-Ndombe

La RN4, reliant le village d’Isongo (province de Maï-Ndombe) à la ville de Mbandaka (province de l’Équateur), est aujourd’hui à l'abandon. Depuis près de six mois, les transporteurs ont déserté ce tronçon crucial, conséquence directe des tracasseries routières exercées à la frontière entre ces deux régions de la RDC. Cette route, jadis un axe vital pour l’échange de produits variés tels que les poissons, les denrées agricoles et les biens manufacturés, est désormais non fréquenté. 

Une frontière transformée en point de blocage 

Les opérateurs économiques d’Isongo dénoncent les pratiques abusives des forces de l’ordre et de sécurité postées à la frontière. Ces agents exigeraient des paiements arbitraires, non seulement pour les marchandises transportées, mais aussi pour les véhicules et les voyageurs eux-mêmes.

Selon plusieurs témoignages, chaque personne traversant la frontière est contrainte de s’acquitter d’un paiement de 500 FC, auquel s’ajoute une taxe pour chaque produit commercialisé.

" Les véhicules ne passent plus, car il faut décharger toutes les marchandises à la frontière, payer pour chaque article, et même pour la personne physique. Les transporteurs refusent de subir ces pertes ", explique un commerçant local rencontré à Isongo.

"Chaque passager paie 500 FC avant même qu’on ne parle des marchandises. Si vous transportez un sac, c’est 2 000 FC. Une chèvre, une natte, tout doit être taxé. Ceux qui ne paient pas ne passent pas. C’est ainsi que plus aucun véhicule ne circule sur cette route ", a précisé un autre habitant. 

En dépit de ces obstacles, seules quelques motos tentent encore de parcourir ce tronçon, mais elles ne peuvent transporter que de faibles quantités de marchandises.

Un marché asphyxié, des prix en pleine explosion 

Cette paralysie de la circulation a des répercussions graves sur le marché local d’Isongo, situé à environ 60 kilomètres d’Inongo, sur les rives du lac Maï-Ndombe. Les prix des produits de base ont littéralement flambé, rendant la vie difficile pour une population déjà fragile.

À Isongo, un litre de carburant est vendu à 5 000 FC, un sachet de sucre coûte 25 000 FC, tandis qu’un sac de sel atteint entre 28 000 et 30 000 FC. Les savons, l’huile, et même les haricots sont devenus des denrées quasi inaccessibles pour de nombreux ménages.

"Les prix sont insupportables. Nous n’avons pas d’autre choix que de réduire nos achats ou de nous passer de certains produits ", confie un habitant du village.

Malgré ces difficultés, les habitants tentent de maintenir les échanges lors des marchés hebdomadaires organisés les mercredis et samedis. Cependant, l’enclavement d’Isongo freine considérablement ces activités économiques.

Un axe stratégique à l’abandon 

Avant cette crise, la RN4 jouait un rôle clé dans l’acheminement de poissons (Ngolo, Mungusu, Mponza, Mabundu, Fumbe, Nzombo, etc.) et de boissons traditionnelles produites localement, comme le lotoko et l’aguene, vers Mbandaka. Désormais, cette route, autrefois synonyme de prospérité, est totalement déserte.

Face à cette situation, les populations locales appellent à une intervention rapide des autorités pour lever ces obstacles, rétablir la circulation et soulager un marché totalement asphyxié.

Jonathan Mesa