La littérature congolaise s’enrichit en accueillant une nouvelle œuvre dénommée "Nyuma, le poisson qui avait soif". Écrit et autoédité par Myra Dunoyer Vahighene, cet ouvrage, à la fois ancré dans les traditions et tourné vers les enjeux contemporains, invite à une réflexion profonde sur la transmission, l’écologie et la quête de savoir. Il est passé sous les fonts baptismaux le 28 decembre dernier à Kinshasa.
Dès la couverture, le livre interpelle par ses couleurs vives et son illustration chargée de sens. On y voit un vieil homme assis aux côtés d’un poisson bleu. Sylvie Tshibassu Zamundu, coordonnatrice du collectif littéraire Bookutani RDC, décrypte cette image.
« Le vieil homme représente la sagesse, la transmission des connaissances, de la culture, des traditions et de l’histoire. Le poisson, jeune et vigoureux, incarne la nouvelle génération qui hérite de cette sagesse », explique-t-elle de son expérience de lectrice et enseignante de la langue française.
Bien que n’ayant pas encore feuilleté la totalité de la lettre, elle voit dans ce conte, un puissant outil éducatif.
« La lecture est primordiale, c’est la transmission. En lisant, on voyage, on apprend. Cela éloigne l’ignorance et la peur. Ce livre redonne de la valeur à notre histoire et permet aux enfants de se réapproprier la fierté d’être africains », a ajouté Sylvie Tshibasu.
La coordinatrice de Bookutani a choisi d’ajouter "Nyuma, le poisson qui avait soif" à sa bibliothèque personnelle ainsi qu’à celle du collectif Bookutani, convaincue de son impact. « Je le recommande à tous les parents. Ce livre nous ramène à notre culture et à nos traditions, tout en ouvrant une porte sur l’avenir ».
L’eau, une ressource précieuse et un moteur d’inspiration
Un poisson dans l’eau, peut-il avoir soif ? La question s’est aussi posée dans le milieu littéraire dont plusieurs figures étaient présentes à la présentation du livre. Myra Dunoyer explique que son inspiration est née d’un questionnement sur la RDC, un pays traversé par de nombreuses rivières et fleuves, où l’eau est essentielle, une ressource avec laquelle, il est obligé de composer. Cependant, les problèmes dont elle est la solution demeurent dans plusieurs coins du pays.
Contrairement aux contes traditionnels hérités des anciens que l’auteure partage déjà sur scène ou sur ses réseaux sociaux, "Nyuma, le poisson qui avait soif" est une création personnelle, née en une journée de novembre 2024.
« Ce livre explore la synergie entre l’homme et les êtres aquatiques, et la nécessité de protéger l’eau. Mais il parle aussi de justice, de courage et de quête de connaissance. Finalement, ce petit poisson n’a pas seulement soif d’eau, mais aussi de savoir », indique Myra Dunoyer.
Et d’ajouter :
« Il faut protéger notre bien le plus précieux, et c’est l’eau. Elle ne concerne pas que les humains mais aussi tous les animaux aquatiques qu’il faut protéger avec qui il faut vivre en cohésion. Ce livre retrace cette synergie entre l’humain et le poisson, et tous les êtres aquatiques. Aussi s’interroger sur ce qui est important tel que l’eau ».
Initialement, l’auteure envisageait d’écrire un roman ou de produire un film d’animation, mais elle a choisi un livre illustré comme point de départ. Les films d’animation, coutant si chers, elle se rabat sur un livre illustré avec espoir de donner un certain aperçu quitte à intéresser un producteur éventuellement.
Le livre a pour cible les enfants comme les adultes. Une autre présentation est prévue à Brazzaville, en mi-janvier où l’auteure sera en séjour. Le livre sera aussi présenté au Kenya et traduit en anglais, lors du festival Afrique Média. La version audio du livre sera mise sur une plateforme en Guadeloupe et la version ebook est déjà sur Amazon.
Un récit entre réalité et légende
Pour Élodie Ngalaka, écrivaine, "Nyuma, le poisson qui avait soif" allie parfaitement le merveilleux et les problématiques concrètes de la République démocratique du Congo.
« Dans ces contes, il y a l’extraordinaire et la légende, mais aussi un lien avec la réalité du pays. Tout le monde sait qu’il faut des changements en RDC : dans l’éducation, l’assainissement… Myra en parle sous une forme accessible, même pour les enfants », précise-t-elle.
Également membre du collectif littéraire Bookutani, Elodie a assuré que des contacts ont été pris avec Myra pour promouvoir activement cette œuvre, notamment auprès des diasporas africaines en Europe où la structure a une extension à Bruxelles.
Ce livre de contes est subdivisé en 8 partie pour une soixantaine de pages. Il est édité en petit et grand format selon le goût des lecteurs. Myra a réalisé ce livre sous couvert de sa structure Eleza Masolo (raconte les histoires en swahili) qui œuvre dans les industries créatives et culturelles.
Kuzamba Mbuangu