Accord RDC-Rwanda : Brice Clotaire Oligui Nguema salue « une victoire pour la paix, pour l’Afrique et pour les générations futures »

Felix Tshisekedi et Brice Oligui Nguema à Kinshasa
Felix Tshisekedi et Brice Oligui Nguema à Kinshasa

La signature vendredi de l’accord de paix de Washington entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation de l’administration Trump, a visiblement réjoui des chefs d’Etat en Afrique et dans le monde, qui ont salué le franchissement d’un grand pas pour la paix dans la région des grands-lacs. Au nombre desquels, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la République du Gabon qui le considère comme « une victoire pour la paix, pour l’Afrique et pour les générations futures ».

A travers un message relayé depuis son compte X, l’ancien putschiste qui dit sa disposition d’accompagner les efforts devant consolider cette dynamique, a salué le rôle déterminant des Etats-Unis, fer de lance de cet accord, avant féliciter les président Félix Tshiekedi et Paul Kagame pour leur « leadership et le sens de l’intérêt supérieur de leurs peuples ».

« Je salue avec la gravité et espoir l’accord de paix historique signé entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, mettant fin à trois décennies de conflit meurtrier…J’adresse mes plus vives félicitations aux présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame dont le leadership, la lucidité et le sens de l’intérêt supérieur de leurs peuples ont rendu cet accord possible. Leur volonté de paix mérite l’admiration de toute l’Afrique », a-t-il écrit.

Le président Ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, dont le pays est secoué il y a près de trois ans par l’invasion russe, a applaudi une mesure mettant fin à la violence et aux massacres, plaidant en faveur de la même dynamique pour finir les guerres dans le monde afin de redonner l’espoir à une vie plus sûre dans toutes les régions de la planète.  

Peu avant lui, Emmanuel Macron, président Français, qui a plusieurs fois tenté de raccorder Tshisekedi et Kagame, a salué, lui, « un pas en avant historique après des décennies de souffrances », qualifiant cet accord de « bonne nouvelle pour la région de Grands-Lacs »

Quid de l’accord signé en présence de Trump ?

L’accord a été signé par Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères, et Olivier Nduhungirehe, son homologue rwandais. Il s’agit de l’aboutissement d’un processus entamé depuis plusieurs mois, marqué par des tensions persistantes dans l’Est de la RDC, théâtre de violences armées et d’affrontements entre groupes rebelles et forces régulières.

Le texte comprend deux volets majeurs : sécuritaire et économique. Il prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale des deux pays, la cessation des hostilités entre leurs armées, ainsi que l’engagement mutuel de ne plus soutenir de groupes armés comme les FDLR ou le M23/AFC. Il inclut également la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire fondé sur le concept d’opérations adopté à Luanda en octobre 2024.

Sur le plan économique, l’accord entend renforcer la coopération bilatérale autour de projets communs, notamment dans l’hydroélectricité, la gestion des parcs nationaux et la traçabilité des minerais. Il s’appuie sur les cadres régionaux existants – CIRGL, COMESA, EAC – pour favoriser l’intégration économique et lutter contre les circuits illicites. Les États-Unis sont également appelés à jouer un rôle accru en tant qu’investisseurs dans les filières stratégiques.

S'agissant du volet relatif à l'intégrité territoriale et interdiction des hostilités, les parties conviennent des conditions suivantes pour assurer le respect de l’intégrité territoriale et la promotion de relations pacifiques :

• Respect de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo : Désengagement des forces/levée des mesures défensives du Rwanda : Les parties conviennent de mettre en œuvre le Plan harmonisé de neutralisation des FDLR et de désengagement des forces/levée des mesures défensives du Rwanda (CONOPS) du 31 octobre 2024, tel que prévu dans le présent Accord.

• Respect de l’intégrité territoriale de la République du Rwanda : Neutralisation des FDLR : Les parties conviennent de mettre en œuvre le Plan harmonisé de neutralisation des FDLR et de désengagement des forces/levée des mesures défensives du Rwanda (CONOPS) du 31 octobre 2024, tel que prévu dans le présent Accord.

Au point lié au règlement pacifique des différends, les parties conviennent que les différends sont réglés par des processus établis par le présent Accord et d’autres accords pertinents, plutôt que par des hostilités. S'agissant de l'Interdiction des actes hostiles, les Parties conviennent de s’abstenir de tout acte d’agression et de ne pas commettre, soutenir ou tolérer des incursions militaires ou d’autres actes, directs ou indirects, qui menacent la paix et la sécurité de l’autre partie ou qui portent atteinte à la souveraineté ou à l’intégrité territoriale de l’autre partie.

"Les Parties établissent et conviennent de lancer, dans un délai de 30 jours à compter de l’entrée en vigueur du présent accord, un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité entre la RDC et le Rwanda qui fonctionnera uniquement conformément aux conditions arrêtées entre les Parties. Le Mécanisme conjoint de sécurité crée des procédures opérationnelles communes et des mécanismes d’établissement de rapports pour assurer la transparence de l’ampleur et de la portée des opérations", lit-on dans l'accord rendu public par le département d'État américain.

A Actualité.cd, Jonas Tshiombela, président de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), évoque un deal qui pèche “gravement” par son silence sur les victimes, la justice et la société civile. « L’accord signé à Washington ignore totalement les victimes congolaises des crimes de guerre, des violences sexuelles, des déplacements forcés, et des pillages économiques. Pas une ligne sur la justice traditionnelle. Aucune mention de réparation. Zéro mot sur la vérité. Pire encore, aucune voix citoyenne, aucune organisation de la société civile, aucun survivant des atrocités n’a été intégré au mécanisme de surveillance mis en place », a-t-il décrié.

Samyr LUKOMBO