Kongo Music Expo : focus sur le secteur musical à l’ère du numérique

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Conférence Kongo Music Expo

Le salon international de la musique congolaise dit Kongo Music Expo a proposé un programme riche incluant rencontres professionnelles, conférences et concerts, offrant ainsi un espace d'échange et de développement pour les professionnels et artistes congolais et ceux de la sous-région. Les activités se sont tenues entre le 17 et le 21 juin à l’Institut Français de Kinshasa.

L’événement a réuni professionnels du secteur, artistes et opérateurs culturels autour de la réflexion sur les défis et opportunités de l’industrie musicale congolaise à l’ère du numérique.

L’un des grands enjeux abordés pendant les discussions a été l’export de la musique congolaise à l’international. Si la demande existe, les barrières administratives – notamment les difficultés d’obtention de visas – freinent la mobilité des artistes.

« Faire voyager la musique congolaise, c’est chercher la visibilité, l’authenticité et la spécificité. Mais l’obstacle majeur reste le visa. Beaucoup d’artistes ne reviennent pas une fois à l’étranger, ce qui complique les démarches pour les suivants. Le visa devient un véritable défi à surmonter », explique Patrick Duval, directeur du Rocher de Palmer en France.

Pour lui, l’exportation musicale repose sur un cadre structuré tel que des règles à respecter, des mécanismes à mettre en place, notamment une meilleure préparation locale des artistes. Xavier Lemettre, directeur du festival Banlieues Bleues, insiste de son côté sur la qualité artistique comme critère principal.

« Pour nous, ce qui compte c’est la qualité de la musique, le savoir-faire. Il faut que les artistes puissent s’adapter à différents styles, proposer des créations solides. On met beaucoup de moyens pour accueillir les groupes : salles, hébergement, logistique. On attend en retour du professionnalisme », a-t-il dit lors d’une conférence.

Il évoque également la nécessité de renouveler les talents, appelant à une réelle diversité sur les scènes européennes. 

« En France, on voit souvent les mêmes artistes africains. Il faut aller à la rencontre de nouveaux talents. L’export, c’est aussi cela : donner la parole à ceux qui apportent un regard neuf », a ajouté Xavier Lemettre.

Olivier Rey, directeur de Babel Music XP, a, lui aussi, souligné l’importance de la singularité artistique comme moteur de l’export.

« Ce qui fait la différence, c’est vous, artistes. Qu’avez-vous de particulier à offrir ? Pourquoi un programmateur ferait-il venir un artiste du Congo alors qu’il peut trouver des choses similaires en Europe ? Il faut proposer quelque chose d’unique. Le hip-hop congolais, par exemple, suscite un réel intérêt parce qu’il amène une nouveauté », évoque-t-il.

Pour Sylvain Dartoy, cofondateur de Max Booking, l’export musical ne doit pas être vu comme une échappatoire, mais comme un projet structuré.

« Il ne s’agit pas de partir pour un fantasme. Il faut avoir un objectif clair. Il y a des Congolais capables de mener une carrière internationale. Mais pour cela, il faut de la rigueur, du travail, une vraie préparation. L’export implique des risques, une planification sérieuse, des partenaires fiables, et surtout, des artistes prêts », affirme-t-il.

Le Kongo Music Expo ambitionne de devenir un marché professionnel incontournable pour la musique congolaise, en favorisant les collaborations et en structurant les démarches d’internationalisation des talents locaux.

Haradie Moza (Stagiaire)