RDC-Rwanda : pour Patrick Muyaya, l'accord s'en tient aux principes de ne brader aucun intérêt du pays ni concéder un centimètre ou des ressources naturelles

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Patrick Muyaya, ministre de la communication et médias. Ph. Droits tiers.

Le Ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya s'est exprimé sur l'accord de paix signé entre son pays la RDC et le Rwanda sous la médiation américaine. Interrogé lors d'un briefing presse depuis Osaka (Japon), le porte-parole du gouvernement a mis en exergue les engagements mutuels en matière de souveraineté, d’arrêt de soutien aux groupes armés et de désengagement des forces démontrant la volonté du gouvernement à préserver les intérêts de la RDC.

"Ici, il faut que je vous rappelle que le principe et c'est cela le même l'engagement premier du Président de la République est celui de ne brader aucun intérêt de la RDC ni concéder un seul centimètre ni concéder une seule ressource minière de notre pays. Dans ce qui se passait à Washington DC c'était la relecture de l'histoire parce-que finalement lorsqu'il faut trouver un accord pour une guerre qui dure 30 ans, il faut ressasser toutes les problématiques, relire les actes fondateurs de l'Union africaine qui rappellent l'intangibilité des frontières ou encore la résolution 2773 de l'ONU plus proche de nous qui rappelle la nécessité pour les uns et les autres de respecter les frontières. Je pense que du point de vue du respect de l'intégrité territoriale celà est garantie, il faut lire l'accord", a expliqué Patrick Muyaya.

D'après le porte-parole du gouvernement, "Il est question de préserver les vies humaines, il y a beaucoup qui sont perdues, beaucoup sont dans la souffrance et je pense que c'était le principe directeur qui nous a conduit dans la conclusion de cet accord". S'agissant des inquiétudes liées au retrait des troupes rwandaises, Patrick Muyaya a rassuré que la question est belle et bien prise en charge dans l'accord de Washington.

"Sur la question du désengagement, nous insistons pour que les uns et les autres puissent lire ce qui est convenu. Ici on parle de désengagement et d'autres part on parle d'un plan harmonisé : le Conops est un document établi par les États majors, il y avait des discussions autour du Médiateur angolais ou nos experts militaires et Rwandais se sont accordés.  Ici, les troupes rwandaises vont se retirer parce qu'on se donnait des délais, on a mis en place des mécanismes qui doivent commencer à fonctionner parce que l'accord doit déjà donner les résultats de ce pourquoi il a été signé. Les mécanismes vont être mis en place parce-que lorsqu'il faut désengager les troupes ou retirer les troupes, il faut s'assurer que les troupes étaient dans tel coin en tel nombre et l'on s'assure avec des mécanismes qu'on vérifie que lorsqu'ils quittent, ils partent effectivement" a fait savoir le ministre de la communication et des Médias.

Par la même occasion, Patrick Muyaya a évoqué  la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda. Il a fait savoir que l’accord interdit explicitement tout soutien militaire à ce groupe. À l'en croire, les discussions avec le M23, actuellement en cours à Doha, sont étroitement liées à ces engagements. 

"Il ne faut pas oublier que nous sommes encore à Doha en train de discuter avec le M23 et dans la discussion que nous avons avec les M23 si nous devons repartir aux origines, c'est un mouvement soutenu par le Rwanda et dans l'accord, il est dit qu'il faut cesser tout soutien donc il faut considérer que le Rwanda en otant le soutien militaire au M23 nous pouvons imaginer ce qu'il en reste" a indiqué Patrick Muyaya.

Autre point positif de l'accord, la question de l’intégration des ex-combattants dans les Forces armées congolaises et services de sécurité. Il a rassuré que celà ne se fera plus de manière automatique comme par le passé. La nouvelle stratégie s'inscrit dans la logique plus large de désarmement, démobilisation et réintégration communautaire, pilotée par le P-DDRCS.

"Vous avez vu que dans l'accord il y a l'intégration conditionnelle dans les forces de défense et de sécurité. On ne va pas faire le mixage brassage, tels qu'on a fait par le passé mais que celà va se faire au cas par cas, en répondant à un certain nombre de critères qui sont spécifiés dans l'accord" a expliqué le porte-parole du gouvernement.

Après la signature de l'accord, la prochaine étape sera la rencontre entre Tshisekedi et Kagame à Washington fin juillet au cours d’un sommet. L’administration Trump, qui soutient activement cette initiative, y voit un jalon important dans sa stratégie africaine. Un accord à Doha avec le M23 constituerait la prochaine étape du processus engagé.

Clément MUAMBA