Un nouveau dialogue en RDC? : « quelle est son opportunité et quels seraient les sujets à y traiter ? », s'interroge Adolphe Muzito

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Adolphe Muzito

Depuis quelque temps, la question du dialogue sur laquelle insiste inlassablement l'opposant Martin Fayulu pour résoudre les différents problèmes auxquels fait face la RDC, notamment l'insécurité dans l'est, défraye la chronique. L'ancien Premier ministre, Adolphe Muzito, qui ne rejette pas cette proposition, pose une série de 10 questions dont les réponses pourraient éclairer cette démarche.

Dans un document posté sur son compte X, cet ancien membre de la coalition LAMUKA et allié de Martin Fayulu se questionne sur l'opportunité de ce dialogue, les sujets à traiter, l'organisateur, la base juridique qui l'instituerait ainsi que la nature juridique des résolutions qui en découleront.

«Quelle est l'opportunité dudit dialogue et quels seraient les sujets à y traiter ? Qui en seraient les parties prenantes ? Quelle serait l'autorité organisatrice de ce dialogue ? Quel serait le texte (privé ou public) qui instituerait ce dialogue ainsi que l'instance chargée de le coordonner ? Quelle serait la nature juridique de ses résolutions ou actes ? Quelle serait l'opposabilité des résolutions ou des actes ?», peut-on lire.

Adolphe Muzito ne s'est pas arrêté là. Il s'interroge également sur les intentions du dialogue, notamment si celui-ci pourrait aboutir à un changement de la Constitution de 2006, promulguée par l'ancien président de la République, Joseph Kabila. Étant donné que Martin Fayulu met l'accent sur la cohésion nationale et la réconciliation, le président du Nouvel Élan souhaite en connaître l'objet et les parties prenantes.

«Quelle serait l'opposabilité des résolutions ou des actes de ce dialogue vis-à-vis des institutions de la République et du peuple congolais ? Ce dialogue serait-il investi du pouvoir de préparer, à l'intention du peuple, un projet de Constitution définitive en vue de dissoudre l'actuelle Constitution (de février 2006), adoptée par un Parlement de facto où siégeaient des députés non élus, mais nommés par un Président de la République, lui-même non élu et promulguée par le même Président de facto, M. Joseph Kabila ? Quelles seraient les institutions (actuelles ou de transition) chargées d'appliquer ces résolutions ou actes ? Ces institutions seraient investies de leurs attributions par quelle autorité ? Quel serait l'objet d'une réconciliation éventuelle et qui seraient les parties concernées par ladite réconciliation ?», a-t-il ajouté, précisant que :

«Les discussions et échanges dans le cadre du dialogue, autour des questions ci-dessus, permettront de retrouver, d'une part, la cohésion et l'unité nationales face à l'agression de notre pays dans sa partie Est, et d'autre part, la paix et le développement sur l'ensemble du territoire national.»

Déjà, quelques leaders de l'opposition, ainsi que de la majorité, la société civile et les confessions religieuses, ont approuvé cette idée des Congolais de se réunir autour d'une table pour aborder les questions relatives aux problèmes de l'insécurité et du développement du pays. À l'instar de Modeste Bahati Lukwebo, qui est favorable à ce dialogue, tout en insistant que celui-ci se fasse autour de Félix Tshisekedi.

Le Front Commun pour le Congo, la famille politique de Joseph Kabila, n'est pas intéressé par ce que Martin Fayulu propose comme voie de sortie. Il dit non à tout dialogue avec Félix Tshisekedi, qu'il qualifie de celui qui ne respecte pas les accords. Il préfère plutôt le recours à l'article 64 de la Constitution.

Samyr LUKOMBO