La ville de Goma s'est réveillée, ce lundi, dans une accalmie précaire, après un week-end caractérisé par plusieurs cas de meurtre, cambriolages, extorsions et autres. Ce calme précaire est observé, en dépit du mot d’ordre de certaines associations des chauffeurs et conducteurs des moto, appelant à des manifestations, ce lundi, pour décrier la persistance de l’insécurité dans et au tour de Goma. Ce mot d'ordre n'a pas été suivi et les activités se déroulent normalement dans la ville et même dans des sites des déplacés. Entre-temps, certains tirs ont, une fois de plus, été entendus, la nuit dernière, dans certains quartiers de la ville volcanique et quelques villages du territoire de Nyiragongo.
C’est un lundi débuté avec trop d’inquiétude parmi plusieurs habitants de Goma et de Nyiragongo mais qui se sont, par la suite, décidés de se rendre à leurs différents lieux de service. La manifestation annoncée par certaines associations des chauffeurs et conducteurs de moto, pour dénoncer la montée de l’insécurité n'a plus eu lieu. Entre-temps, dans un communiqué publié, la veille, le dimanche donc, le maire de Goma, le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin a indiqué qu’aucune manifestation n’était autorisée pour ne pas jouer le jeu de l'ennemi.
L’autorité urbaine a d'ailleurs rappelé que la mesure interdisant la circulation des motos, au-delà de 18h locales, était toujours maintenue. La manifestation ratée de ce lundi visait également à exiger la levée de cette mesure, qui n'a pas produit des résultats escomptés, notamment la restauration de la sécurité, ont indiqué les organisateurs.
Le week-end dernier, au moins trois conducteurs de moto ont été tués, dans le territoire de Nyiragongo, pour avoir refusé la confiscation de leurs engins, par les forces de défense et de sécurité. Un procès en flagrance, a d'ailleurs été ouvert contre, au moins sept présumés auteurs de ce drame.
Plusieurs tirs en armes ont été entendus, dans la nuit de dimanche à ce lundi dans le territoire de Nyiragongo.
Situation similaire, pendant presque toute la nuit de samedi à dimanche au village Bugamba 2, dans le groupement Muja, toujours dans le territoire de Nyiragongo. Le Secrétaire technique de la société civile de Nyiragongo, Thierry Gasisiro appelle au renforcement des mesures sécuritaires dans le territoire de Nyiragongo, ayant accueilli, un nombre considérable des déplacés de guerre, imposée à la RDC par le Rwanda, sous couvert du M23.
« c’est avec consternation que nous dénonçons tous ces dérapages, enregistrés dans le chef de nos policiers et militaire, lors de la traque des motos au-delà de 18h. Malheureusement, village Buhombo, des militaires ont poursuivi des motards en tirant plusieurs balles et ces balles ont atteint au au moins trois civils. C’était la semaine passée. Nous dénonçons cela. Nous demandons au Gouverneur et au maire de ville de revoir leur décision interdisant la circulation des motos au-delà de 18h. Puis, il s'agit d'une mesure qui concerne la ville de Goma mais on ne sait pourquoi on l'applique aussi dans le territoire de Nyiragongo. Depuis que la décision a été prise, rien n'a changé sur le plan sécuritaire. Au contraire, les choses se sont empirées. Les bandits continuent à circuler librement avec armes, ils continuent à cambrioler, à braquer des maisons, des assassinats sont toujours à la une et voilà que les gens continuent à mourir suite à cette mesure interdisant la circulation des motos. Il faut plutôt revoir la mesure et envisager d'autres stratégies sécuritaires », s'indigne Thierry Gasisiro, acteur de la société civile de Nyiragongo.
La situation va également de mal en pire dans des sites des déplacés, situés dans l'Ouest de Goma. Le chef du quartier Lac Vert, Dedesi Mitima précise qu’un grand nombre de ses administrés déménage déjà de cette entité et se déplace vers des quartiers environnants, jugés sécurisés.
« Je vous dis que certaines avenues n'ont plus des populations. Il y a nombreux habitants qui ont déjà déménagé, laissant le quartier pour aller vivre dans les quartiers voisins. Je voulais éveiller la conscience de ceux-là qui sont en train de vouloir déménager du quartier. Je leur dit de rester. Quitter le quartier, c’est donner la force aux bandits. Restez dans vos parcelles plutôt que d'aller vous exploser davantage. Ne fuyez pas l’ennemi. Nous devons nous-mêmes définir des mécanismes de sécurisation et travailler main dans la main » a pour sa part témoigné Dedesi Mitima, chef de quartier Lac Vert.
Lors de la présentation à la presse, le samedi 24 août dernier, des groupes des présumés bandits qui insécurisent la ville, le maire policier, le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin a rappelé que sa juridiction est déjà infiltrée par les ennemis de la paix. L’autorité urbaine a d'ailleurs précisé qu’un groupe d'au moins huit personnes, travaillant dans le recrutement dans la ville volcanique pour le compte du M23, appréhendés tout récemment, sont déjà transférés à Kinshasa pour y être entendus.
Le président national de la ligue des jeunes de UDPS-Tshisekedi, Amisi Makutano Adolphe, arrivé le week-end dernier à Goma, dans le cadre d’une mission de redynamisation du parti présidentiel, a précisé que la fin de cette misère, causée par la guerre est proche, notamment, grâce aux efforts consentis par les autorités du pays.
« La première des choses, je m’incline devant la mémoire de plusieurs habitants ainsi que des combattants qui étaient enlevés lâchement de cette terre des hommes. La deuxième chose, je compatis avec toutes les familles qui ont perdu les leurs. Et surtout, j'ai la ferme détermination du gouvernement central qui est déterminé, justement, pour mettre fin à cette insécurité et surtout de ramener la paix sur toute l’étendue du territoire national. C’est un vœux de tout un peuple. C’est un vœux du congolais digne et donc, j'ai confiance et je sais que c’est une question d'un petit moment et cette guerre appartiendra au passé », s'est montré rassurant Amisi Makutano Adolphe, haut cadre du parti au pouvoir.
Pendant ce temps, des cas de braquage des shops et de l'argent des changeurs de monnaie, ne cessent d’être rapportés, même pendant la journée et dans le territoire de Nyiragongo. Ce lundi avant midi, au moins un civil a été tué et un autre blessé par balles lors d'une opération de braquage de l'argent d'un changeur de monnaie vers l'endroit appelé communément Ki 30, au quartier Majengo. Plusieurs coups de feu ont été entendus, provoquant ainsi une panique au sein des habitants de la partie Nord de la ville volcanique.
Jonathan Kombi, à Goma