Corneille Nangaa et co-accusés: nouvelle audience ce jeudi, mais les avocats de la défense "mécontents" du court délai accordé pour étudier les pièces du dossier insistent sur le respect du droit de la défense

Nangaa, Bisimwa, Chalwe, Kanyuka
Nangaa, Bisimwa, Chalwe, Kanyuka

Une nouvelle audience est attendue ce jeudi 25 juillet devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe à la prison militaire de Ndolo dans l’affaire Corneille Nangaa et ses complices. Ils sont au total 25 prévenus poursuivis pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison. Cinq seulement comparaissent, tandis que les 20 autres sont déclarés en fuite. 

Au cours de la première audience ce mercredi, la défense a sollicité un délai d'une semaine pour étudier les différentes pièces contenues dans le dossier mais la Cour militaire ne lui a accordé qu'un délai de près de 24 heures pour qu'elle prenne connaissance du dossier.  Cette courte remise n'a pas été du goût des avocats au regard de la gravité des faits mis à charge de leurs clients.

"Les décisions de renvoi leur ont été notifiées le lundi et le mercredi il y a procès. Où est-ce qu'on a eu du temps ? On a pas eu suffisamment de temps. Vous avez toujours suivi avec moi la procédure chez les militaires. Est-ce qu'on accorde à un avocat 10 minutes pour lire un dossier ? La durée moyenne de remise est au moins de 7 jours", a déploré à l'issue de l'audience, Maître Peter Ngomo, l’un des avocats de la défense. 

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Réagissant aux propos du président de la Cour qui tient à la "célérité" de l'affaire comme caractéristique des juridictions militaires, Maître Peter Ngomo brandit à son tour les droits de la défense.

"La célérité ne veut pas dire violer les droits de la défense. On a rappelé que les droits de la défense sont constitutionnels et puis, ce sont des droits sacrés. On ne peut pas violer ça. Vous pensez que si ce procès prenait fin aujourd'hui, la guerre à l'Est va s'arrêter ? Allons-y méthodiquement jusqu'à la fin tout en respectant la procédure parce qu'elle est légale", a insisté Maître Peter Ngomo.

De son côté Maître Clément Muza, avocat de la défense dit craindre la violation des droits des prévenus avec cette courte durée accordée aux avocats de la défense. Ce qui serait un mauvais départ pour ce procès.

"Quelques heures pour consulter les pièces du dossier c'est quand-même extrêmement grave et ça sent mauvais. La Cour a accordé une courte remise presque de 24 heures, nous sommes déjà un peu inquiets. Mais nous allons jouer notre rôle en tant que défense. Il y a au total 25 prévenus mais ne sont présents que 5 et si je peux parler en termes vulgaires, ceux qui sont connus des congolais comme pièce maîtresse de cette situation que nous connaissons à l'Est de la RDC, ne sont même pas là présents. Les intérêts sont colossaux et la défense va mettre tout en œuvre pour que nous puissions obtenir au besoin les acquittements parce qu'ils sont saints. Chacun est poursuivi individuellement", a indiqué Clément Muza en complément de son confrère Peter Ngomo.

Le ministre de la Justice avait qualifié ce procès d’historique, insistant sur l’accélération de l’instruction pré-juridictionnelle. La Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) a déployé une mission d'observation judiciaire pour veiller au respect des droits de toutes les parties. Paul Nsapu Mukulu, président de la CNDH, a souligné l’importance de garantir un procès équitable et transparent.

Un haut responsable de l’AFC a critiqué le procès, le qualifiant de "blague" et affirmant que Nangaa ne serait pas représenté. Selon lui, ce procès vise à détourner l’attention des négociations de Kampala initiées par l’AFC.

Clément MUAMBA