Coup de tonnerre à la première audience du procès de l’ex rebelle Roger Lumbala qui s’est ouvert ce mercredi 12 novembre devant la Cour d’Assise de Paris. L’ancien député, sénateur, ministre congolais, après avoir récusé la cour, a également récusé ses avocats et décidé de ne plus comparaître.
“Je considère que la France est non compétente pour me juger. Je considère la procédure inévitable. Je récuse mes avocats, je récuse d’être représenté par un autre avocat. Je refuse de comparaître devant cette cour et je demande de me retirer de la salle d’audience et de ne plus revenir”, a déclaré Roger Lumbala avant de lancer : “faites la justice française comme vous voulez”.
Sa défense a demandé son extradition en RDC. “Vous n'allez pas poursuivre quelqu'un pour crimes contre l'humanité à 8.000 kilomètres, il n'y a aucun témoin dans la salle qui doit venir soutenir sa cause”, a plaidé Me Tshibangu Kalala.
Roger Lumbala Tshitenga a dirigé le Rassemblement Congolais pour la démocratie National (RCD-N), groupe armé actif dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) durant la Seconde Guerre du Congo (1998-2003). Il a également été ministre du Commerce (2003-2005) et candidat à la présidence de la RDC en 2006. Il est accusé de complicité de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres, de tortures, de viols, de réductions en esclavage et de pillages, commis en 2002 et 2003 lors de l'opération « Effacer le tableau » dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Cette opération est tristement célèbre pour les crimes de droit international perpétrés contre des civils, en particulier les populations Mbuti et Nande, incluant des homicides, des actes de torture, des viols et autres crimes sexuels, ainsi que des cas de cannibalisme forcé.
Ces crimes sont prévus et réprimés par les articles 212-1, 213-1, 213-2, 121-6 et 121-7 du Code pénal français, ainsi que par les articles 689 à 689-11 du Code de procédure pénale. Selon le dossier de presse consulté par ACTUALITE.CD, "pour ces faits, l’accusé encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité ". Ce procès est le premier à appliquer le principe de compétence universelle pour des crimes de droit international commis en RDC par un ressortissant congolais durant la Seconde Guerre du Congo, et constitue un cas rare impliquant un ancien ministre
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qualifient ce procès d'historique et considèrent ce procès comme une étape cruciale vers la fin de l'impunité. C'est le cas de Amnesty International.