Les agents du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS) affectés à l’antenne de Butembo-Lubero, n’ont reçu aucune rémunération depuis leur affectation il y a plus d’une année. Pourtant, fait remarquer le chef de service de communication de l’antenne du programme, cela fait plus de 20 mois qu’ils sont engagés et notifiés, par la décision N0 :003/CN/PDDRCS/2022 du 17 septembre 2022.
« Fort malheureusement, nous n’avons jamais touché nos salaires suite à une discrimination organisée par les coordonnateurs national et provincial, tous animateurs de ce programme. Il est incompréhensible de voir au sein de notre bureau 25 agents, collègues, avec qui nous avions été engagés et notifiés le même jour, reçoivent leur salaire régulièrement et cela suite aux affinités directes, contre 20 agents qui ne touchent pas. Nous avions écrit et dénoncé ce comportement, mais aucune solution n’est trouvée », a fait savoir le chef de service de communication du P-DDRCS au niveau de l’antenne de Lubero.
Dans une note d’information adressée au maire de Butembo ce 9 juillet, ces agents impayés exigent de leur hiérarchie « le paiement de tous les arriérés de salaires dans les 15 jours qui suivent la date de la signature de cette note, le paiement de toutes les dettes contractées par l'antenne P-DDRCS Lubero à Kirumba, Lubero-Cité et Butembo ; l'interdiction aux agents P-DDRCS de Goma d'effectuer des missions en territoire de Lubero et Ville de Butembo au détriment des agents P-DDRCS locaux ».
Cette situation est reconnue par le responsable du programme au niveau de Butembo. Le chef d’antenne Christian Yuston confirme que « c’est vrai que les agents n’ont jamais été payés depuis l’affectation et l’installation », sans en dire plus.
Le site de cantonnement des combattants candidats au P-DDRCS de Kasando dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu) avait été incendié par le M23 en début du mois de juillet, lors de l’entrée de la rébellion à Kirumba. Mais le jour de l’attaque, le site n’hébergeait aucun ex combattant, ces derniers ayant déjà été déployés dans la communauté.
Le P-DDRCS a été proclamé il y a plus de trois ans mais sa mise en œuvre piétine. Ce programme est censé encadrer des anciens combattants à travers différents projets de développement communautaire avant leur réinsertion dans la communauté ou intégration au sein de l’armée. Mais le bilan à ce jour est quasiment loin de faire l’unanimité.
Toutefois, en juillet 2023, soit il y a une année, le PDDRC-S disait disposer d'une cartographie des groupes armés opérant dans l'Est du pays où l'on compte 252 groupes armés locaux et 14 étrangers présents et actifs dans cinq provinces, à savoir l’Ituri, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema et le Tanganyika.
Yvonne Kapinga