RDC : la BCC insiste sur la configuration des TPE en monnaie nationale – Qu'en est-il de l’application aux DAB ?

Francs congolais

La Banque Centrale du Congo (BCC) a annoncé le renforcement de son dispositif d'encadrement du secteur des paiements, dans le cadre des mesures visant à promouvoir l'utilisation du Franc congolais (CDF). Ces mesures, visant à inciter la population à utiliser davantage la monnaie nationale pour les paiements de biens et services, se concentrent particulièrement sur les Terminaux de Paiement Electroniques (TPE).

Bien que ces initiatives soient largement accueillies, leur application aux Distributeurs Automatiques de Billets (DAB) est également envisagée, mais pas pour le court terme. La rédaction a anticipé la question et vous présente des défis significatifs qui pourraient retarder davantage le processus. ACTUALITE.CD a interrogé Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances, pour comprendre les difficultés liées à cette extension.

« Le principe est que pour encourager l'utilisation du franc congolais, il est crucial que les paiements par carte, qui sont monnaie courante dans de nombreux pays, se fassent également en monnaie nationale », explique Kazadi. « Actuellement, de nombreux DAB en RDC sont configurés pour délivrer principalement des dollars, ce qui limite le contrôle de la politique monétaire nationale. »

Kazadi souligne que, dans de nombreux pays, les paiements par carte se font en monnaie locale, et les opérations en devises entraînent des conversions automatiques. « Cela améliore la demande de la monnaie locale au lieu de favoriser la demande de devises étrangères, contribuant ainsi à la stabilité de l'économie nationale », ajoute-t-il.

Un des principaux obstacles à l'application de ces mesures aux DAB est la logistique liée à la gestion des billets en francs congolais. « Les coupures de faible valeur faciale posent des problèmes pratiques pour les rechargements fréquents des DAB. Cela pourrait réduire la capacité des distributeurs à fournir de l'argent de manière continue », explique Kazadi.

Pour surmonter ces défis, la BCC prévoit d'introduire un système de "switch monétique" qui facilitera l'intégration de toutes les cartes bancaires, indépendamment de la banque émettrice. « Cela permettra d'avoir une seule interface pour les transactions, simplifiant ainsi l'utilisation des TPE et, potentiellement, des DAB », indique Kazadi.

Kazadi admet que la transition ne sera pas sans difficultés, mais il insiste sur les avantages à long terme de cette politique. « En stabilisant et en renforçant l'utilisation du franc congolais, nous regagnons une partie de notre souveraineté monétaire. Cela nous permet de mieux contrôler la politique de crédit et d'intervenir plus efficacement dans l'économie », précise-t-il.

Cependant, il souligne également que pour que cette transition soit réussie, la monnaie nationale doit être stable et forte. « C'est un processus à long terme qui nécessite une gestion prudente et des mesures complémentaires pour assurer la stabilité du franc congolais », conclut-il.

En somme, la BCC s'efforce de réhabiliter la monnaie nationale à travers une série de mesures incitatives. Bien que les défis logistiques soient importants, notamment pour les DAB, la mise en œuvre réussie de cette politique pourrait significativement renforcer l'économie congolaise en réduisant sa dépendance au dollar et en améliorant l'inclusion financière.