Le Rwanda a vivement réagi à la déclaration du département d'État américain datant du 17 février 2024. Selon le ministère rwandais des Affaires étrangères, qui a publié un communiqué dès le lendemain, cette prise de position médiatique « offre une vision profondément biaisée de la réalité, en contradiction flagrante avec l'esprit du processus de renforcement de la confiance initié par la Directrice du Renseignement National américain en novembre 2023, créant un cadre constructif pour une désescalade de la situation ».
Vincent Biruta, chef de la diplomatie rwandaise, a exprimé la volonté du Rwanda de demander des éclaircissements au gouvernement américain pour déterminer si cette déclaration marque un tournant dans sa politique ou résulte simplement d'un manque de coordination interne.
Parmi les points qui ont irrité les autorités rwandaises, figure la désignation des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) : « C'est le Département d'État américain qui avait ajouté les FDLR - alors connues sous le nom d'ALIR (aussi connues sous le nom d'Interahamwe et ex-FAR) - à sa liste des organisations terroristes en vertu du Patriot Act, suite à l'assassinat et aux viols de huit touristes occidentaux à Bwindi, en Ouganda, dont deux Américains », a rappelé le chef de la diplomatie rwandaise.
Il a également souligné : « Qualifier cette organisation génocidaire et terroriste de simple "groupe armé désigné comme ‘force négative’ par les organismes régionaux et le gouvernement de la RDC" est un acte de realpolitik choquant et cynique, remettant en question la capacité des États-Unis à servir de médiateur crédible dans la région des Grands Lacs ».
La déclaration du département d'État américain stipulait : « Il est essentiel que tous les États respectent la souveraineté et l'intégrité territoriale de chacun et que tous les acteurs soient tenus responsables des violations des droits de la personne commises dans le cadre du conflit qui sévit dans l'est de la RDC. Nous appelons le gouvernement de la RDC à continuer à soutenir des mesures destinées à favoriser la confiance, notamment en cessant de coopérer avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé qualifié de "force négative" par les organismes régionaux et le gouvernement de la RDC, et qui expose la population civile à des risques ».
Vincent Biruta a souligné que le Rwanda se réservait le droit de prendre toutes les mesures légitimes pour défendre son pays tant que cette menace persistait : « Le soutien de la RDC aux FDLR relève de la politique de l'État et non du choix d'acteurs individuels. Mettre fin au soutien de l'État congolais aux FDLR et assurer leur démobilisation et leur rapatriement au Rwanda est une exigence non négociable pour protéger l'intégrité territoriale du Rwanda et assurer la préservation de notre unité nationale durement acquise pour les générations futures ».
De leur côté, les États-Unis réaffirment leur décision d'appuyer les actions diplomatiques régionales favorisant la désescalade et instaurant les conditions d'une paix durable en RDC. Ils appellent ainsi toutes les parties à participer de manière constructive à la recherche d'une « solution négociée ». Pour sa part, Kigali réitère sa confiance au président angolais João Lourenço, médiateur soutenu notamment par les USA. Le Rwanda, ajoute Biruta, s'engage à prendre « des mesures extraordinaires » pour garantir la sécurité et la stabilité de la région, en agissant sur les causes profondes du conflit.