Le Conseil de sécurité se penche aujourd'hui sur les derniers développements de la situation prévalant en République démocratique du Congo. Affirmant dans presque toutes ces Résolutions sur la RDC depuis novembre 1996 que la situation dans ce pays constitue "une menace à la paix et à la securité internationales", le Conseil de sécurté est tenu de faire montre d'attention renouvelée en y dédiant au moins une fois le trimestre une session. Il va sans dire qu'au cours de cette réunion, tous les participants ont la latitude, après les observations introductives du Secrétaire général des Nations unies, d'émettre des avis et de faire des propositions.
Dans son dispositif stratégique, la RDC semble miser assez sur cette session pour persuader les membres du Conseil de réserver une suite positive à sa pressante requête consistant au retrait accéléré de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco). Une plaidoirie sera faite à ce propos par le Ministre congolais des Affaires étrangères et Francophonie, Christophe Lutundula, qui remue ciel et terre pour gagner ce pari. Ce, après avoir obtenu du Conseil la levée, en 2022, du régime de notification préalable des armes achetées par la RDC. Le VPM, juriste de son état, s'y prend bien. Tant il construit son discours sur des considérations du droit international.
Cependant, la diplomatie, dont découle les pratiques des membres du Conseil de sécurité, repose moins sur le droit que sur la realpolitik. Le droit étant de l'ordre de l'idéal se rapportant à ce qui devrait être. Alors que la realpolitik suggère de comprendre les postures des parties prenantes telles qu'elles sont, y compris dans leurs contradictions à rendre intelligibles pour s'y prendre conséquemment au-déla du droit. Sur ce point, la diplomatie congolaise devrait repenser quelque peu ses stratégies et tactiques notamment sur la problématique de la Monusco.
Il est légitime de plaider pour le retrait de la Monusco. Il est plus intéressant d'élaborer un narratif considérant également les représentations que les membres dudit Conseil ont de la situation sécuritaire dans l'Est du pays, dépassant les seules aspirations des Congolais. A cet effet, le préalable à remplir est, entre autres, de démontrer que cette situation ne relève plus d'une menace à la paix et la sécurité internationales. En outre, il sera plus percutant pour la diplomatie congolaise de donner des indications pertinentes des résultats probants des réformes entreprises dans le secteur de sécurité. En effet, c'est à la RDC qu'incombe au premier chef la responsabilité de défendre l'intégrité du territoire national et de protéger les populations civiles, comme le rappelle le Conseil de sécurité dans quasiment toutes ses Résolutions sur la RDC. C'est ici que semble porter le hic.
Par ailleurs, toutes les réunions du Conseil de sécurité n'ont pas la même portée. Certaines sont sanctionnées par des décisions tandis que d'autres n'appellent pas à l'adoption d'une résolution du Conseil. Ce dernier cas s'applique à la réunion de ce jeudi qui sera sanctionnée par un communiqué de presse.
C'est le 20 décembre prochain que le Conseil de sécurité prendra une décision sur l'avenir de la Monusco. Cette date coïncidera, en RDC, avec la tenue des élections générales dont le niveau du caractère anxiogène pourrait influer sur la nature de la réponse du Conseil de sécurité.
Lembisa Tini (PhD)