La situation alimentaire de la RDC reste préoccupante. À ce jour, la RDC fait face à la plus grande crise alimentaire au monde, avec 26 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire. Parmi elles, 6,7 millions résident dans les provinces de l'Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, soit 44% de la population provinciale. D’où la nécessité de la mise en commun des forces du Programme alimentaire mondial (PAM) et la Réserve stratégique générale (RSG).
Au cours d’une brève cérémonie de signature d’un protocole d’accord visant à établir un cadre de coopération pour la mise en place d’un système national de réserves de céréales, les travaux ont officiellement commencé. Présidé par le directeur de cabinet adjoint du président de la République, André Wameso, le représentant pays du PAM et la coordinatrice de la RSG ont signé publiquement les documents qui scellent cet accord.
“Le plus important, c'est le partenariat, le fait de travailler ensemble. Le défis de la souveraineté alimentaire ne peut pas être résolue par une seule entité, c'est si on met les mains ensemble qu'on peut réussir à atteindre les objectifs de développement de 2030. Avec ce partenariat, on commence à créer une base de sécurité alimentaire. Si on a une réserve, ça veut dire qu'on a une garantie et le jour où, il n'y en a pas assez, le pays peut fonctionner. Le Congo peut fournir de la nourriture au reste du monde, mais ça doit commencer par une réserve”, a dit Peter Mosoko, représentant pays du PAM pour la RDC.
Côté réserve stratégique, on souligne que ce mémorandum d'entente s‘ouvre à des réalisations notables au bénéfice de la population congolaise.
“Le PAM et la RS sont en train de faire en sorte de booster la souveraineté alimentaire de la RDC, c'est que la population doit attendre de nous et surtout des réserves réelles en termes de nourriture. Dans les jours qui viennent, nous verrons le PAM et la Réserve se déployer dans toute la République pour construire des entrepôts pour pouvoir booster les ménages de nos peuples”, indique Badiafu Dady, coordinatrice de la RSG.
La Réserve stratégique existe depuis juillet 2020, au sein du cabinet du président de la République. Elle est chargée notamment de la promotion, du développement et de la mise en œuvre de la vision du président dans le secteur agro-pastoral, industriel, commercial et social, en particulier en matière des produits dits stratégiques. A ce titre et sans limitation, elle détermine le cadre de cette vision, le projet y afférent, le lancement, le suivi et le contrôle de qualité des études et des travaux de chaque phase du projet, la sélection de divers partenaires pouvant concourir à sa mise en œuvre.
Dans le cadre de la coopération, le PAM aidera à fournir une assistance technique et un soutien au renforcement des capacités pour la gestion du système national de réserve de céréales, y compris la sécurité alimentaire, le développement de la capacité du personnel et la gestion financière.
Le PAM dirigera les efforts pour obtenir un financement des institutions financières internationales, du trésor national, des donateurs bilatéraux ou multilatéraux pour soutenir la mise en œuvre du système national de réserve de céréales.
La RDC et le PAM s'efforceront d'assurer l'amélioration continue de l'infrastructure du système national de réserves de céréales, en intégrant les progrès technologiques pour une meilleure efficacité ; la formation continue du personnel local et gouvernemental ainsi que des agriculteurs à l'utilisation et à la gestion efficace du système ; une collaboration étroite avec les acteurs du marché afin de rendre les denrées alimentaires disponibles et abordables tout en évitant les hausses de prix soudaines ; une variété d'approches agricoles pour des cultures plus diversifiées et nutritives et pour aider les communautés à compenser les effets les plus néfastes du changement climatique.
Situation alimentaire en RDC
Dans l’ensemble, la RDC est en proie à une grave crise humanitaire, avec des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, des niveaux alarmants de malnutrition, résultant en grande partie du conflit, des déplacements massifs de population et de la faible production agricole.
Plus de 6 millions de personnes sont des déplacés internes, le chiffre le plus élevé en Afrique. De ce nombre, 1,5 million l'ont été rien qu'en 2022. Les déplacements massifs ont décimé les moyens de subsistance - les gens ne peuvent pas cultiver, ils n'ont pas la capacité de nourrir leurs familles, les enfants ne sont pas en mesure d'aller à l'école, et les infrastructures locales déjà fragiles des communautés sont sous pression.
Le PAM a besoin de 728 millions de dollars pour répondre aux besoins de la région orientale du pays. Cependant, le déficit de financement s'élève à 567 millions de dollars, soit 78% des fonds nécessaires pour les six prochains mois. Cette situation critique met en suspens les opérations du PAM et nécessite une attention immédiate.
Le pays compte 26,4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë, 6 millions de personnes déplacées internes, 2,4 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition. Et le PAM a aidé 1,7 million de personnes entre janvier et mars 2023. Mais le besoin en financement reste élevé. L’organisation onusienne a besoin de 9,1 millions de dollars américains pour poursuivre le projet jusqu’en avril 2024.
Cependant, cette situation alimentaire catastrophique en RDC peut être résolue à travers l’agriculture. Cette dernière est déclarée priorité des priorités depuis plus de 40 ans mais le budget alloué à celle-ci reste toujours inférieur à 5%. La RDC compte 80 millions d’hectares de terres arables et plusieurs étendues d’eaux et de forêts.
Emmanuel Kuzamba