Kinshasa : MSF intensifie sa riposte contre l’épidémie de choléra dans les zones les plus touchées

Photo d'illustration
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Alors que la ville de Kinshasa et plusieurs provinces de la RDC font face à une recrudescence des cas de choléra, Médecins Sans Frontières (MSF) renforce son intervention en soutien aux autorités sanitaires congolaises. Une visite s’est effectuée ce lundi 14 juillet dans la zone de santé de Kokolo, où l’organisation a mis en place une Unité de Traitement du Choléra (UTC), opérationnelle depuis le 19 juin, pour répondre à l’afflux de patients dans un contexte marqué par des défis logistiques et sanitaires majeurs.

Située à proximité de l’hôpital général du camp Kokolo, l’UTC installée par MSF accueille des patients présentant des signes graves de déshydratation. L’unité dispose actuellement d’une capacité de 50 lits, mais celle-ci reste limitée au regard de la densité urbaine de Kinshasa et de l’étendue de la zone de santé de Kokolo, qui regroupe plusieurs camps militaires éparpillés dans la capitale.

« Nous avons organisé une réponse en deux niveaux », explique Théophile Lukemba, responsable médical de MSF pour la riposte dans cette zone. « Les cas les plus légers sont traités dans trois points de réhydratation orale installés dans des centres de santé. Les cas graves, eux, sont orientés vers l’UTC pour une prise en charge complète. »

Cette approche en deux étapes permet de désengorger les structures hospitalières tout en assurant une réponse rapide aux patients atteints. Selon les données communiquées par MSF, plus de 400 personnes ont déjà été admises à l’UTC depuis son ouverture, avec une moyenne de dix patients reçus chaque jour en dehors des pics épidémiques. Trois à quatre décès ont été enregistrés.

Un travail communautaire en parallèle du soin médical

Au-delà de la prise en charge médicale, MSF met un accent particulier sur la sensibilisation communautaire et la prévention. Dans cinq aires de santé identifiées comme prioritaires, des relais communautaires informent les habitants sur les modes de transmission du choléra, les symptômes à surveiller et les mesures à prendre pour limiter la propagation.

L’eau potable reste un enjeu central dans la lutte contre l’épidémie. Pour améliorer l’accès à une eau saine, MSF a déployé des équipes WASH qui assurent la chloration de points d’eau stratégiques, notamment des bornes-fontaines et des puits de fortune. Des chlorateurs, formés à manipuler correctement les solutions de désinfection, sont mobilisés sur ces sites.

Parmi les patients actuellement en traitement à l’UTC, certains relatent des parcours éprouvants.

 « J’ai eu des douleurs au ventre, au dos, mes jambes tremblaient. Après plusieurs passages dans des hôpitaux, j’ai finalement été transféré ici », raconte un malade. « Ici, en plus des médicaments, on reçoit aussi à manger. C’est un vrai soulagement. »

Face à une maladie aussi contagieuse que le choléra, MSF insiste sur la nécessité de renforcer les comportements de prévention.

 « Le choléra n’est pas une fatalité. Il est à la fois curable et évitable si chacun adopte les bons gestes », rappelle Théophile Lukemba. 

Lavage régulier des mains, consommation d’eau traitée ou bouillie, et hygiène alimentaire sont des pratiques essentielles pour limiter la transmission.

MSF appelle également les communautés et les autorités à maintenir un haut niveau de vigilance afin de contenir l’épidémie et éviter de nouveaux foyers.

Outre Kinshasa, les équipes de MSF sont également actives au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et dans la province du Sankuru, d'autres zones touchées par l’épidémie. À Pakadjuma, dans la zone de santé de Limete, une autre unité de traitement bénéficie aussi du soutien logistique et médical de l’organisation.

Nancy Clémence Tshimueneka