Dans le cadre de la campagne nationale "Mieux Vivre Ensemble", le Système des Nations Unies en RDC a organisé vendredi 11 juillet 2025 un atelier de sensibilisation axé sur le rôle des médias dans la lutte contre les discours de haine, le tribalisme, la désinformation et les contenus discriminatoires, en particulier à l'ère du numérique.
Face à la montée de ces phénomènes qui fragilisent la cohésion sociale, l'événement a pour objectif de renforcer la responsabilité éthique des acteurs médiatiques et à promouvoir une culture de paix, de diversité et d'inclusion dans les pratiques journalistiques. Cette rencontre a permis également le renforcement des connaissances sur les formes et mécanismes de diffusion des discours de haine mais a aussi permis la création d'un cadre d'échange entre professionnels et étudiants pour encourager des pratiques respectueuses de la diversité et des droits humains.
En présence des professionnels des médias étudiants en journalisme et communication réunis dans la salle Alpha au quartier général de la Monusco à Kinshasa, Anne-Marie Dongui, Directrice Adjointe du Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme (BCNUDH) a rappelé que la RDC, à l’instar de nombreux pays à travers le monde, est confrontée à des crises multiformes liées entre autres à la compétition politique, l’exploitation des ressources naturelles, l’accès aux terres et à l’insécurité qui entraînent des problèmes de cohabitation et de cohésion entre citoyens.
"L’incitation à la haine, à la violence et à l’hostilité tribale et ethnique se répand et prospère largement en fragilisant la cohésion nationale, la paix et la sécurité indispensables au développement. On ne peut ignorer les effets dévastateurs que les discours de haine ont eu lieu dans les pays voisins et en RDC. L’épisode sanglant de Yumbi, les déplacements forcés des populations dans les Hauts-Plateaux et les conflits meurtriers en Ituri ou au Katanga sont encore frais dans nos mémoires. Les affrontements sont le couronnement d’un processus qui est alimenté par la haine,qui elle-même trouve sa source dans des contentieux non résolus, des préjugés, des injustices et frustrations entretenues de génération en génération", a fait savoir la numéro 2 du Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme en RDC (BCNUDH).
À l'en croire, l'incitation à la haine, à la violence, à l’hostilité et à la discrimination est une violation des droits de l’homme, en ce qu’elle déshumanise et nie toute la dignité inhérente à l’être humain. Elle exprime une réalité complexe, à la fois culturelle, sociologique et politique.
"Dans le cadre de la campagne du « Mieux vivre ensemble » lancée il y a deux mois par les Nations Unies, le BCNUDH a inscrit dans sa planification d’accompagner les journalistes et les professionnels des médias que vous êtes, dans l’élaboration et la mise en œuvre des mécanismes pour lutter contre la discrimination, l’intolérance, la haine et la violence et développer des stratégies pour renforcer la cohésion sociale à travers les différents médias" a-t-elle fait savoir dans son mot de circonstance.
Et d'ajouter :
"Il sied de rappeler ici que la liberté d’expression est un droit humain fondamental garanti par l’Etat, énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et c’est le pilier de toutes les libertés civiques ; un droit garanti par l’État qui va de pair avec la liberté de la presse. De même que la liberté d’information et la liberté de la presse, la liberté d’expression pose la base de tous les autres droits.La liberté d’expression n’est cependant pas absolue. Comme vous le verrez au cours de la journée, l’exercice de la liberté d’expression « comporte des devoirs et des responsabilités » et peut être soumis à des restrictions sous réserve de certaines conditions".
La Directrice Adjointe du Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme en République démocratique du Congo (BCNUDH) a rappelé que le droit international interdit notamment l’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. L’incitation vise explicitement et délibérément à provoquer des actes de discrimination, d’hostilité ou de violence, et peut également conduire à la commission d’attentats terroristes ou de crimes graves.
"Je vous exhorte donc à prendre part activement à cette journée d’échanges, car, en tant que journalistes, il est important que vous connaissiez les limites de la liberté d’expression et ainsi, vous pourrez contribuer à la lutte et à la prévention des discours de haine et messages incitatifs à la haine tout en promouvant par votre travail la cohésion sociale et le mieux vivre ensemble. Je tiens à vous rappeler que le BCNUDH sera toujours prêt à vous accompagner dans l’exercice de votre métier pour plus de protection des droits de l’homme et particulièrement dans la lutte contre les discours de haine afin de vous emmener à être des journalistes qui promeuvent la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble", a-t-elle rassuré dans son intervention.
Au cours de cette activité, trois sessions ont été organisées avec différents orateurs autour d'une sous thème spécifique. Avant l'étape des questions et réponses, Monsieur Jasbey Zegbia Wembulu SG de l'UNPC a abordé le sous thème : Médias, éthique journalistique et cohésion: une action responsable au service du vivre-ensemble. Elysée Odia Journaliste et DG de Yabisonews.cd a axé son intervention autour du sous thème de la collecte à la diffusion : prévenir la désinformation et les discours de haine pour renforcer le mieux vivre ensemble. Monsieur Bruno Mbolison, Vice-président du CSAC a eu comme sous thème Régulation des médias et préservation de la cohésion nationale : garantir un espace public pacifié et enfin Halidou Ngapna, Coordonnateur de NRI/BCNUDH a procédé à la présentation de la campagne "Mieux Vivre Ensemble": combattre les discours de haine et l'incitation à la haine.
Lancée le 5 mai 2025, la campagne « Mieux Vivre Ensemble >> a permis de sensibiliser plus de 15 millions de Congolais, tant à l'échelle nationale que dans la diaspora. Grâce à une stratégie multicanale alliant supports traditionnels, numériques et innovants, la campagne a touché un public large et diversifié.
Au-delà des figures publiques, la campagne a également bénéficié de l'engagement actif des jeunes, des étudiants issus de différentes universités, ainsi que des personnes vivant avec un handicap ou atteintes d'albinisme. démontrant une volonté collective de bâtir une société plus inclusive
L'implication de ces acteurs a renforcé la portée et la crédibilité de la campagne. A travers leurs réseaux et plateformes, ils ont relayé les messages essentiels de la campagne, contribuant à l'émergence d'une conscience collective nationale autour des enjeux de cohésion sociale, d'unité et de vivre ensemble.
Clément MUAMBA