Le dialogue est-il un impératif à la tenue des scrutins de 2023 ? Si le Comité laïc de coordination (CLC) estime qu’il faut organiser une table ronde avant décembre, le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege appelle à une concertation entre les forces vives de la Nation. Députée nationale et cadre du parti Ensemble de Moise Katumbi, Dominique Inamizi livre son point de vue.
« Je suis pour le dialogue », souligne-t-elle avec enthousiasme. Et de renchérir, « sincèrement, je ne vois pas comment nous pouvons aller aux prochaines élections sans dialoguer. La situation est délétère à Kinshasa ou encore ici à Lubudi (territoire dans la province du Lualaba). C’est ici que j’ai reçu les nouvelles de l’assassinat de Chérubin Okende et je peux vous assurer que nous avons été fortement ébranlés. Je crois qu’un dialogue préalable est important ».
Dialoguer ou respecter le délai constitutionnel
A la question de savoir si l’organisation d’un dialogue ne va pas retarder la tenue des élections, Dominique Inamizi rappelle que « dans tous les cas, le processus était déjà chaotique ».
« Depuis les opérations d’enrôlement, le processus était biaisé. Je ne vois pas comment nous allons continuer alors qu’il y a des failles. (…) Il faut que les leaders se réunissent autour d’une table pour se poser les bonnes questions et savoir ce qu’il faut faire. Il faut dire que si cela donne l’impression de tourner en rond, de passer de dialogue en dialogue, c’est malheureusement les réalités du terrain qui nous y obligent. En brousse où je me trouve, les gens souffrent, la population congolaise souffre et nous devons nous demander à quoi ça sert de faire la politique », dit-elle.
Et si la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) est déterminée à organiser les élections dans le délai constitutionnel malgré les exigences et manifestation de l’EciDé de Martin Fayulu en faveur d’un nouvel audit du fichier électoral, ou l’absence du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, dans tout le processus, Dominique Inamizi dit craindre le pire.
« Le dialogue est un processus qui permet aux parties en conflit de s’asseoir autour d’une table et discuter. Et là, nous sommes pratiquement dans un conflit qui ne dit pas son nom. Il faut donc que toutes les parties acceptent de s’asseoir et dialoguer pour l’intérêt de la Nation. La situation n’est pas bonne et on ne va pas continuer à faire semblant indéfiniment. Dans nos entités respectives, mes collègues députés et moi, tout le monde sait que la situation n’est pas propice pour des élections apaisées », a-t-elle soutenu.
Pour rappel, le CLC est une structure de l’église catholique, à l’initiative des manifestations politiques entre 2017 et 2018 pour réclamer l’organisation des élections et s’opposer à un troisième mandat de l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila. Des manifestations qui ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre et qui ont causé la mort, notamment de l’activiste Rossy Mukendi et de Thérèse Kapangala.
Prisca Lokale