Ouest de la RDC: en une année, la crise de Kwamouth a fait plus de 3 000 morts, plus de 150 000 déplacés et au moins 5 000 réfugiés (OCHA)

Une victime des violences de Kwamouth/Ph. OCHA
Une victime des violences de Kwamouth/Ph. OCHA

En juin 2022, des violences ont éclaté dans la province de Mai-Ndombe, dans l'ouest de la République démocratique du Congo. Depuis lors, elles se sont étendues aux provinces voisines du Kwilu, Kwango et à la périphérie de la capitale Kinshasa. Un an plus tard, la situation demeure inquiétante. De nombreux villages sont déserts. Pour les milliers de personnes déplacées, l’heure n’est pas au retour.

Voici cinq choses à savoir sur la situation humanitaire actuelle:

1. Plus de 161 000 personnes contraintes de fuir leurs villages

Le 9 juin 2022, des violences ont éclaté dans le village de Masia Mbe, dans le territoire de Kwamouth, province de Mai-Ndombe, en raison d’un désaccord sur l’accès à la terre. C’était le début de la crise, dans le Mai-Ndombe. Plus d’un an après, plus de 161 000 personnes ont fui leurs villages, tandis qu'au moins 5 000 personnes ont trouvé refuge en République du Congo voisin, selon les autorités locales. Dans la ville de Bandundu où vivent plus de 7 000 personnes déplacées selon les autorités, de plus en plus de femmes et de filles déplacées ont été victimes de violences basées sur le genre.

Malgré les violences en cours, près de 63 000 personnes ont choisi de retourner dans leurs foyers situés dans les territoires de Kwamouth (province de Mai-Ndombe) et de Bagata (province de Kwilu) selon les autorités locales. Elles ont souvent trouvé des maisons endommagées, détruites, pillées ou brûlées et n’ont pas les moyens financiers pour  les reconstruire.

2. Plus de 3 000 civils tués, l'ampleur réelle pourrait être bien plus grande

Selon l'UNICEF, à la fin du mois d’avril 2023, au moins 3 000 civils ont été tués et 337 ont été blessés[1]. Ces chiffres pourraient être largement sous-estimés. Les territoires les plus touchés par ces violences sont ceux de Kwamouth (Mai-Ndombe) et de Bagata (Kwilu), ainsi que plus récemment le territoire de Popokabaka (Kwango), où les attaques ont été particulièrement violentes. L'accès reste difficile en raison de l'insécurité et de l'état dégradé des routes, rendant difficile- voire impossible- la vérification des chiffres.

3. Au moins 26 structures sanitaires et 50 écoles détruites

Au moins 26 structures de santé ont été soit pillées soit détruites, privant d'accès aux soins de santé, des milliers de personnes. Selon l’UNICEF, seulement 40% des aires de santé du territoire de Kwamouth sont fonctionnelles. Les services de 53 établissements sanitaires de la zone de Kwamouth – où le système de santé rencontrait déjà des défis structurels- ont été fortement perturbés en raison de la désertion du personnel.

Depuis juin 2022, plus de 49 écoles ont été détruites dans ce territoire , affectant la scolarité de plus de milliers d’enfants. Les autorités ont mis en place des solutions temporaires, notamment la répartition des élèves dans d'autres écoles.

4. Insécurité alimentaire et malnutrition généralisées

Les violences ont affecté le secteur agricole, aggravant une situation alimentaire qui était, avant la crise, déjà précaire dans la région. Selon le Programme Alimentaire Mondial, avant la crise, 39% des ménages dans la ville de Bandundu étaient touchés par l'insécurité alimentaire. Dans le territoire de Bagata, qui a accueilli la majorité des personnes déplacées, 78% de la population est  touchée par l'insécurité alimentaire. Economiquement, la crise a appauvri des milliers de ménages, l’agriculture étant l’une des activités économiques principales de la région. Plus de 80% des personnes déplacées vivaient de l'agriculture. Au courant de l’année, au moins 15 enfants ont perdu la vie à la suite de complications sanitaires liées en partie au manque de nourriture à Bandundu.

5. Les besoins dépassent la capacité des acteurs sur le terrain

Les besoins urgents incluent la nourriture, les abris, les articles ménagers, l'accès aux soins de santé ainsi que les besoins en matière d'inclusion économique. Sur place, des acteurs humanitaires fournissent des soins médicaux ainsi que des services de soutien psychologique aux victimes. Au vu des traumatismes, il est également important de mettre en place des programmes de santé mentale.

Dès le début de la crise, des agences des Nations Unies et des ONG congolaises et internationales ont apporté une assistance urgente en santé, en approvisionnement en eau potable ainsi qu’en services d’hygiène et d’assainissement dans les provinces du Kwilu, du Kwango et de Mai-Ndombe.

En septembre 2022, le Coordonnateur humanitaire a alloué 2 millions de dollars via le Fonds humanitaire à cinq projets menés par les ONG MAGNA, Caritas Congo, Transcultural Psychosocial Organization (TPO) et la Croix-Rouge congolaise. Ce financement a permis de fournir de la nourriture, des soins de santé, des abris, des articles ménagers ainsi que des services de protection aux populations affectées par les violences.

 Avec OCHA