Sommet d’Addis Abeba: le gouvernement croit avoir décousu “le discours mensonger” du Rwanda et se veut rassurant quant à la mise en oeuvre des résolutions

Kagame

Le gouvernement congolais s'est montré optimiste quant à l'application des résolutions issues du double sommet tenu à Addis-Abeba (Ethiopie) en marge de la 36e Assemblée générale de l'Union Africaine sur la situation sécuritaire dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. La particularité de ces assises, souligne le porte-parole du gouvernement, est que les rebelles du M23 seront notifiés en ce qui concerne notamment leur retrait des zones occupées. 

"Dans les premiers sommets, les terroristes du M23 avec leur mentor Rwandais nous ont habitués à des subterfuges. Nous avons constaté que par rapport à nos premières décisions, il n'y a pas eu d'application dans les subterfuges, cette fois-ci on a dit que le Président Angolais Joao Lourenço s'en est saisi avec le facilitateur Uhuru Kenyatta, ils vont recevoir les commandants du M23 pour leur dire”, a expliqué Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement. 

Kinshasa espère que les rebelles vont se retirer d’ici le 30 mars conformément au récent plan de retrait publié à la suite de la réunion des chefs des armées des pays de l’EAC. “Sur les principes tout est réuni pour que si au 30 mars je pense que c'était le délai définitif pour qu'ils se retrouvent à Sabinio, si tout n'est pas fait pour que la force régionale puisse intervenir”, a-t-il ajouté. 

Le mensonge du Rwanda

Au cours de ces assises tenues à Addis-Abeba, rapporte M. Muyaya, le Président de la République a démontré devant ses homologues que le discours porté par le Rwanda sur la crise dans l’Est de la RDC est en réalité mensonger.

“Sur la question des FDLR parce que les FDLR d'après le rapport de leurs propres services ils ne sont même pas plus de 2000; donc ils ne représentent pas une menace particulière pour le Rwanda qui justifie l'agression en cours en République Démocratique du Congo, de toutes les façons nous comme la République Démocratique du Congo, nous sommes engagés à combattre les Forces négatives les FDLR. L'autre discours mensonger c'est de dire qu'il y a un génocide en cours en République Démocratique du Congo, s'il y a eu génocide en RDC c'est le génocide de Kishishe, il est question pour les congolais qui ont été touchés d'obtenir justice et réparation”, a relaté le porte-parole. 

Et de poursuivre :

"Il y a cette fameuse question des réfugiés parce que le Président Rwandais parle des réfugiés congolais au Rwanda, en réalité qui sont devenus ses otages. Le Président de la République l'a redit, nous étions à Luanda en juillet, la feuille de route de Luanda parle du retour des réfugiés, la première condition pour que les réfugiés reviennent dans les parties qu'ils occupaient avant leur départ c'est la paix. Comment pensez-vous demander à des réfugiés de revenir chez eux alors que vous y semez la mort et désolation… il y a un processus de profilage, le retour se fait sur une base volontaire et chaque congolais sujet au retour doit être identifié et donc au-delà du travail qui doit être fait avec le HCR, il y a le travail qui doit être fait avec les notabilités locales parce que nous tous, nous nous connaissons pour éviter qu'il n'y ait une quelconque forme d'infiltration"

D'après le ministre de la communication et médias, Félix Tshisekedi a porté ce même discours Rwandais devant Charles Michel et le Secrétaire général des Nations-Unies.

Avant le sommet de l'Union africaine (UA), les chefs d'Etat de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), réunis vendredi, ont de nouveau appelé à "un cessez-le-feu immédiat" et demandé un "retrait de tous les groupes armés d'ici le 30 mars" dans l'est de la RDC. Le M23 a repris les armes fin 2021 en reprochant à Kinshasa de n’avoir pas respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants. Elle s'est emparée depuis de vastes pans de territoire au nord et au nord-ouest de Goma.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce qui est corroboré par des experts de l'ONU et plusieurs pays occidentaux, bien que Kigali s'en défende. Plusieurs initiatives diplomatiques, infructueuses jusqu'à présent, ont été lancées, notamment par l'EAC, qui a créé une force régionale censée s'assurer du retrait du M23 des positions conquises depuis un an. 

Comme la mission des Nations unies, accusée d'inefficacité face aux nombreux groupes armés qui sévissent dans l'est de la RDC depuis près de 30 ans, cette force régionale est de plus en plus critiquée par la population.

Clément Muamba