Les autorités rwandaises sont accusées d’avoir intensifié leur répression contre les opposants exilés à travers une campagne de harcèlement, de violences et d’intimidations menée au-delà de leurs frontières, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) soumis dans le cadre de la 51ᵉ session de l’Examen périodique universel (EPU) des Nations unies.
L’ONG affirme avoir documenté cinq assassinats suspects de Rwandais en exil depuis 2021, survenus en Ouganda, au Mozambique et en Afrique du Sud, visant principalement des critiques présumés du gouvernement du président Paul Kagame. Ces assassinats s'inscrivent dans un schéma plus large de répression transnationale, déjà dénoncé à plusieurs reprises par des experts onusiens et des défenseurs des droits humains.
Outre ces homicides, HRW rapporte des tentatives d’enlèvement, des passages à tabac et des menaces directes envers des réfugiés rwandais et demandeurs d’asile dans au moins cinq pays africains : le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Mozambique et l’Afrique du Sud. Les agresseurs, souvent locuteurs kinyarwanda ou perçus comme liés aux services rwandais, accusaient les victimes « de trahison » ou les menaçaient de remise aux autorités de Kigali.
Le rapport souligne également les cas de représailles contre les proches de dissidents. En septembre 2019, les frères de Noël Zihabamwe, un réfugié rwandais installé en Australie, ont été arrêtés, torturés puis portés disparus au Rwanda après qu’il eut coopéré avec le Groupe de travail de l’ONU sur les disparitions forcées. L’un des fils de ses frères aurait également été torturé. Ces représailles ont été mentionnées dans le rapport de septembre 2022 du Secrétaire général de l’ONU.
HRW dénonce une stratégie délibérée d’intimidation qui combine pressions directes, surveillance, harcèlement numérique et violences physiques pour réduire au silence la diaspora critique, y compris des journalistes, des militants et des anciens responsables politiques.
En mai 2024, les autorités rwandaises ont également refusé l’entrée sur leur territoire à Clémentine de Montjoye, chercheuse senior de HRW, alors qu’elle se rendait à Kigali pour des réunions diplomatiques. Elle est la quatrième employée de l’organisation interdite d’entrée au Rwanda depuis 2008.
Human Rights Watch appelle le gouvernement rwandais à cesser immédiatement les actes de répression transnationale, à mener des enquêtes crédibles sur les assassinats et disparitions ciblant ses ressortissants à l’étranger, et à garantir la liberté d’action des défenseurs des droits humains et journalistes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.