Nord-Kivu/Ituri: la VSV relève plusieurs violations et atteintes aux droits de l’homme et appelle à “repenser ou mettre fin” à l’état de siège 

Evaluation de l'état de siège
Evaluation de l'état de siège

Dans le cadre du Réseau Service Civil pour la Paix (SCP) regroupant plusieurs organisations de la RDC, la Voix des Sans pour les Droits de l'Homme (VSV) a exprimé ses vives préoccupations et inquiétudes consécutives aux violations et atteintes aux droits de l'homme dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sous état de siège depuis mai 2021.

Pour le directeur exécutif de la VSV, Rostin Manketa, autant il faut reconnaître les avancées qui ont été enregistrées, autant il faut également admettre que l'état de siège peine à apporter les solutions tant attendues dans cette région de l’Est du pays où des dizaines de groupes armés continuent de commettre des exactions contre les civils.

"Le contrôle par le Mouvement terroriste du M23 des espaces importants du territoire de Rutshuru depuis juin 2022 est venu contribuer à la détérioration de la situation sécuritaire et des droits de l'homme avec des massacres dont ceux de Kishishe ayant occasionné plusieurs dizaines de morts dont de nombreuses femmes et enfants ainsi que le viol des femmes et les déplacements forcés des milliers de personnes dont des enfants, des vieillards, des femmes enceintes dont certaines ont accouché en brousse ou en forêts sans assistance médicale", a-t-il déploré devant la presse ce mercredi 29 décembre 2022 à Kinshasa. 

Et de poursuivre :

"La persistance des violations et atteintes aux droits humains dans les deux provinces sous état de siège, caractérisées notamment par une tendance à la hausse des actes de torture, de meurtres, des massacres des civils, des atteintes à l'intégrité physique ainsi que des arrestations arbitraires d'acteurs de la société civile, des défenseurs des droits humains, des membres de mouvements pro-démocratie et des journalistes doit pousser les autorités congolaises à repenser l'état de siège bien que celui-ci n'a pas démérité sinon à y mettre fin dès que possible".

Cette organisation de défense des droits de l'homme invite les autorités à réfléchir sur d'autres solutions autres que l'état de siège. Elle justifie cette suggestion par le fait que cette mesure d'exception est de plus en plus détestée par la population sur terrain.

"En effet, au regard de la poursuite des massacres des civils dans le contexte de l'état de siège et l'occupation de plusieurs espaces du territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, les informations de terrain recueillis font de plus en plus état de la méfiance de la population vis-à-vis des résultats mitigés de l'état de siège".

Sans donner une date précise, le Président Félix Tshisekedi a indiqué ne pas abandonner son intention d'organiser une table ronde censée plancher sur l'avenir de l'état de siège en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Il l'a fait savoir jeudi 22 décembre 2022 dans son discours de cadrage à l'ouverture des travaux de la 9e session de conférence des gouverneurs organisée à Mbandaka, chef-lieu de la province de l'Equateur.

L'état de siège est en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu depuis mai de l'année 2021. Sur terrain, des voies se sont levées à plusieurs reprises pour exiger la levée de cette mesure qui d'après la population, n'a pas produit des résultats escomptés. Cette mesure d'exception a coïncidé avec la reprise des affrontements entre les FARDC et le M23 et ces derniers ont réussi à occuper de vastes zones dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo. Actuellement, le mouvement parti de ses bastions montagneux aux confins des frontières congolaise, rwandaise et ougandaise, a gagné du terrain vers l'ouest, en direction de Goma mais aussi du territoire de Masisi, terre fertile et d'élevage.

Clément MUAMBA