RDC-M23: les propos qui ont valu l’expulsion à Mathias Gillmann confirmés et renforcés par Antonio Guterres 

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Antonio Guterres ne va pas par le dos de la cuillère quand il faut dire que la MONUSCO n’a pas les moyens militaires de se défaire du M23.  

« Le M23 a été comme vous le savez la raison de ces dernières manifestations, le fait que les Nations unies ne sont pas capables de battre le M23. La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la Monusco », a t-il dit dans une interview accordée dimanche à RFI. 

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Alors que Kinshasa va à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations-unies dans le but notamment d’obtenir l’examen du rapport des experts des nations unies sur l’agression rwandaise « dans le plus bref délai pour dégager toutes les leçons qui s’imposent et sanctionner le Rwanda et les dirigeants du M23, le secrétaire général des Nations-unies ne veut citer nommément Kigali comme principal soutien de ce mouvement que les autorités congolaises qualifient de terroriste.

Dans cette interview accordée à RFI, Antonio Guterres a été interrogé explicitement sur la source des moyens du M23. Et sa réponse: « Ils viennent de quelque part ».

Après insistance du journaliste, il relativise mais pointe quand même les responsabilités.

« Ils ne sont pas nés dans la forêt. Ils viennent de quelque part. Ce qu’il faut, à mon avis, et c’est l’essentiel, c’est de trouver une discussion sérieuse entre le Congo, le Rwanda et l’Ouganda pour qu’on puisse avoir une perspective conjointe pour éviter cette permanente situation qui nous fait toujours, quand on a un progrès, revenir en arrière. Il faut que ces pays se comprennent mutuellement et il faut que ces pays coopèrent effectivement pour la sécurité de l’est du Congo, et aussi pour les garanties de sécurité, il ne faut pas l’oublier, du Rwanda et de l’Ouganda ». 

Dans une approche plus globale, il évoque aussi d’autres groupes armés:  « Il ne faut pas oublier que les ADF [Forces démocratiques alliées] sont un mouvement originaire de l’Ouganda. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore dans le Congo, les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] qui est un mouvement sorti des génocidaires hutus. Il y a des préoccupations de tous les pays. Il faut qu’ils s’entendent parce que, penser qu’une force de maintien de la paix puisse résoudre des problèmes quand il y a maintenant des forces militaires extrêmement bien armées, c’est impossible. Et les populations naturellement ne le comprennent pas. Et pour nous, c’est une énorme préoccupation ».

Antonio Guterres a également posé la problématique de la conception même de la mission comme celle de la MONUSCO: « D’ailleurs, c’est un problème général sur le futur des opérations de maintien de la paix. Les opérations de maintien de la paix étaient faites pour maintenir la paix. Mais maintenant, elles opèrent dans des situations où la paix n’existe pas. Et c’est une réflexion essentielle. Nous avons fait un certain nombre de réformes pour améliorer la capacité, pour améliorer leur sécurité. Mais la vérité, c’est qu’il nous faut une réflexion profonde sur le futur du maintien de la paix dans des situations comme celles-là ». 

Et pour lui, l’adaptation est la voie à suivre: « Et moi, je suis entièrement favorable à ce qu’il y ait des forces d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste, des forces africaines d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste, menées sous l’égide de l’Union africaine et financées par les contributions obligatoires du système des Nations unies, comme les forces de maintien de la paix. Sans des forces africaines robustes d’imposition de la paix, je crois qu’on ira nulle part ».