Des élèves enceintes autorisées à rester à l’école : "L'église qui est notre partenaire dans l'éducation doit aussi sur certains sujets regarder comment évolue le temps" (Patrick Muyaya)

Patrick Muyaya
Patrick Muyaya

La décision du ministère de l'éducation nationale et nouvelle citoyenneté portant sur le maintien des élèves enceintes à l’école ne cesse de susciter des réactions et diviser davantage l'environnement sociopolitique congolais. Si pour certains, il s'agit d'une décision " judicieuse" qui vient réparer " une injustice sociale" de longue date, d'autres par contre estiment qu'il s'agit là de la légalisation de la prostitution au sein du système éducatif congolais.

Pour le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, en levant une telle option celà ne veut pas dire que le gouvernement encourage cette pratique. Toutefois, dans son exposé lors du briefing presse tenu jeudi 17 juillet 2025, il a évoqué des dispositions constitutionnelles qui ne visent pas à infliger à la jeune fille une double sanction à savoir être engrossée et être exclue du système éducatif.

"Il faut bien qu'on se regarde dans les yeux et qu'on cesse d'être hypocrite. Lorsque la circulaire a été prise au niveau du ministère de l'Éducation, son objectif n'était pas ou n'avait pas pour vocation de faire croire que le gouvernement se met dans une position d'encourager attention parce-que une jeune fille enceinte à l'école c'est le résultat de plusieurs failles d'abord il y a la faille de la maison en terme d'encadrement sûrement qu'a un certain niveau il ya peut-être la faille de l'école et qu'il ne faut pas oublier que nous avons une constitution qui consacre le droit à l'éducation et qu'on ne peut pas en aucun cas penser exclure une jeune fille parce-qu'elle est tombée enceinte c'est serait une double punition parce qu'il y a des enquêtes notamment les enquêtes des populations EDS vous pouvez le lire qui démontrent que plus les femmes sont instruites moins elles tombent enceintes parce qu'elles apprennent comment se protéger", a fait savoir le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya.

Patrick Muyaya estime que la discrimination va dans le sens de la violation de la constitution du pays et autres traités signés par la RDC. Ne partageant pas la position de l'église catholique qui s'oppose à cette note circulaire, Patrick Muyaya estime qu'à ce jour les élèves nécessitent d'être encadrées si non elles restent exposées à plusieurs abus dans la société.

"Lorsque vous vous dîtes que ces enfants ne doivent pas aller à l'école vous les discriminer et en les discriminants il y a non seulement notre propre constitution dans ce qu'elle stipule est violée mais n'oubliez pas que la RDC est signataire de plusieurs conventions internationales, il existe une convention du droit de l'enfant qui proscrit toute forme d'exclusion de l'enfant à l'école, il ne faut pas oublier parce qu'une élève nous partons du postulat qu'elle est mineure peut-être qu'elle a été victime, le bourreau il est où ? On en fait quoi ? le bourreau derrière la grossesse ? Je vais bien comprendre les positions idéologiques  de l'église mais ici il faut faire attention parce que aujourd'hui à la différence de notre époque où nous n'avions que l'OZRT il faut admettre que nos enfants ont accès à une masse d'informations en même temps ce n'est pas seulement les réseaux sociaux mais c'est aussi toutes les chaînes qu'il y a avec les différentes télé distributeurs que nous avons", a indiqué Patrick Muyaya, Porte-parole du gouvernement.

Face à cette situation, Patrick Muyaya a affirmé que le gouvernement a décidé de s'assumer. Il a invité l'église catholique à se conformer au temps lorsqu'il s'agit d'autres matières.

"Alors Est-ce que nous devons continuer à être conservateur entre guillemets hypocrite et ne pas aller donner une réponse à une problématique sociale qui est vécue ce que les enfants ont accès à des informations sexuelles tôt, Est-ce que les vraies palliatives ce n'est pas d'abord l'éducation avec une grosse attention sur le sujet premièrement, deuxièmement mais on peut briser certains tabous pourquoi pas déjà dans cette phase d'éducation évidemment en fonction de l'âge des uns et des autres commencer à leur parler contraception qui ne concerne pas que la fille, qui concerne le jeune garçon, c'est un problème sociétal, c'est un débat de société que nous devons y compris avoir avec l'église", a fait remarquer Patrick Muyaya, Porte-parole du gouvernement.

Et de poursuivre :

"Il ne faut pas se tromper, l'église qui est notre partenaire dans la formation, dans l'éducation doit aussi sur certains sujets regarder comment évolue le temps non pas pour en faire l'apologie mais pour être sûre que nous avons donné à nos enfants la possibilité de se prémunir ou de se protéger et d'éviter des cas justement où on a des filles grosses à l'école. Ici, on ne va pas clore le débat, parce que c'est un débat réveille les traditions, les coutumes, conception des uns et des autres mais ici il faut considérer qu'on ne peut pas exclure ou punir doublement une jeune fille parce qu'elle est grosse, ce n'est pas de l'encouragement mais ce sont ses droits qu'on fait respecter, ce sont des protocoles qu'on a ratifiés, qu'on fait respecter quant à nous comme société, comme famille, comme école de tirer les conséquences pour qu'il n'y est pas des  cas de ce genre et je pense que c'est faisable".

Rappelons-le, le Secrétariat général du Ministère de l'Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté a publié ce Lundi 14 juillet, une note circulaire appelant au respect du droit à l'éducation pour les élèves enceintes, dans un souci de promouvoir l'inclusion scolaire et l'égalité des chances entre les sexes.

Dans ce document officiel (Note circulaire n°MINEDU-NC/SG/80/DPVC/00/2345/2025), adressé aux directeurs provinciaux de l'Éducation, le ministère insiste sur l’impératif de garantir le maintien dans le système éducatif des filles enceintes, sans discrimination ni exclusion. 

Le ministère rappelle que les grossesses précoces représentent un facteur important de déscolarisation chez les jeunes filles, compromettant leur avenir et renforçant les inégalités de genre. Pour y remédier, les établissements scolaires sont désormais tenus de mettre en œuvre des mesures facilitant la continuité de la scolarisation de ces élèves, sans leur imposer de conditions administratives ou académiques discriminatoires. Aucune sanction ne devra être appliquée en raison d’une grossesse.

Clément MUAMBA