M23 mieux équipé que la MONUSCO et silence sur l’appui du Rwanda à ce mouvement: les propos de Antonio Guterres ne passent pas

Félix Tshisekedi avec António Guterres
Félix Tshisekedi avec António Guterres

Le débat général de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies s’ouvre ce mardi. Kinshasa a déployé sa diplomatie. En plus de la présence du vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, la RDC sera représentée par son président qui a fait le déplacement de New York. Son discours dans la salle emblématique de l’Assemblée générale est attendu par les congolais. En attendant de jour, les propos tenus par Antonio Guterres dans une interview accordée à RFI et France 24 sur le M23 ne laisse pas indifférents la scène politique congolaise ainsi que la société civile. 

« Le M23 a été comme vous le savez la raison de ces dernières manifestations, le fait que les Nations unies ne sont pas capables de battre le M23. La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la Monusco », a déclaré le secrétaire général des Nations Unies qui a évité de citer le Rwanda comme soutien à ce mouvement malgré les relances des journalistes.

Sur Twitter, l’expérimenté diplomate congolais Atoki Ileka dégaine: « Antonio Guterres aurait gagné en crédibilité en appelant un chat par son nom. Il a étalé au monde entier son incapacité. Une erreur qu'aucun de ses trois prédécesseurs immédiats n'a commise. Il vient lui-même d'enterrer la MONUSCO aux yeux des Congolais ». Il est suivi par Jean Bamanisa, gouverneur de la province de l’Ituri (avant l’installation de l’état de siège).

« En termes clairs, le M23 possède une armée moderne et donc une administration étatique et doit y rester jusqu’à entente entre 3 pays. L’ONU ne condamnera pas. Sur le plan sécuritaire, possédant cette armée, ils peuvent faire la guerre et occuper les territoires RDC. RDC abandonné par UN », s’interroge t-il avant de plaider pour la restauration de l’autorité de l’Etat: « Cessons de confier nos provinces en gestion par procuration aux ONG internationales et systèmes des Nations unies ». 

L’ancien sénateur Mokeni Atangamu rappelle quant à lui les principes de base des rapports entre les nations au XXIe siècle.

« Aveux de faiblesse, aveux d’échec, langue de bois malgré la présence du groupe d’expert des Nations Unies pour la RDC dont le mandat a été renouvelé récemment  et leur dernier rapport très explicite . La souveraineté des États et l’intangibilité de ses frontières n’est  pas négociable ».

De son côté l’ancien directeur de cabinet adjoint de Félix Tshisekedi Jean-Pierre Kambila ne va pas par le dos de la cuillère: « La Monusco doit partir et nous devons apprendre à nous défendre nous même. C'est urgent le message du Sg de l'Onu est limpide ».

Des propos similaires à ceux de l’activiste Bienvenu Matumo: « Les propos du SG de l’ONU sur la RDC confortent notre discours sur le départ immédiat de la MONUSCO. Ils établissent que les terroristes du M23/Rwanda sont plus équipés que les forces onusiennes. Ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas combattre pour éradiquer ces derniers ».

Son camarade de la LUCHA et membre de l’institut de recherche Ebuteli, Fred Bauma s’interroge aussi sur les propos du Secrétaire général des Nations-unies: « D’où viennent les armes du M23 ? Est-il si difficile de le dire? Combien sont-ils ? Monusco (et FARDC) disent difficile de combattre les ADF parce que c’est une guerre asymétrique, impossible pour le M23 parce que armée moderne, et NDC? FDLR? les mai-mai ». Et d’ajouter : La question qui reste c’est à quoi sert la Monusco? Et à quoi servent nos autorités ?

Et quelle sortie de crise ? Le secrétaire général des Nations-unies tente de répondre dans la même interview: « Et pour lui, l’adaptation est la voie à suivre: « Et moi, je suis entièrement favorable à ce qu’il y ait des forces d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste, des forces africaines d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste, menées sous l’égide de l’Union africaine et financées par les contributions obligatoires du système des Nations unies, comme les forces de maintien de la paix. Sans des forces africaines robustes d’imposition de la paix, je crois qu’on ira nulle part ».

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