Pollution des rivières congolaises : « l'autorité angolaise nous a affirmés avoir commencé la dépollution mais la reconstitution des stocks consommables des poissons prendra des années » (Dieudonné Pieme)

Dieudonné Pieme
Dieudonné Pieme, Gouverneur du Kasaï/Ph. droits tiers

Le gouverneur du Kasaï, Dieudonné Pieme, a fait savoir que les autorités angolaises ont déjà commencé la dépollution des eaux. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD,  le chef de l’exécutif de l’une des provinces affectées par la pollution des eaux de la rivière Kasaï, dit ne pas savoir si la dépollution va régler le problème pour la reconstitution des stocks consommables des poissons.

« Aujourd'hui, je ne peux pas dire que la rivière est rouge parce que l'autorité angolaise nous a affirmés avoir commencé la dépollution et ça fait presque 10 jours mais il faudra attendre encore environ 10 ou 15 jours pour voir les effets ici chez nous d'une part et d'autre part ce n'est pas la dépollution qui va régler le problème parce que le problème est réel pour que nous puissions reconstituer les stocks consommables des poissons, il faudra attendre encore. Je ne vais pas m'hasarder pour donner un délai mais ça sera des années que nous allons prendre pour que nous puissions reconstituer la population poissonneuse », a-t-il déclaré à ACTUALITE.CD.

Ce dernier affirme que cette situation a causé de sérieux problèmes sur la santé de la population, des poissons mais aussi entraîné beaucoup de déplacés.

« Déjà au niveau social, nous enregistrons une crise, une très grande crise parce que nous avons perdu pratiquement la quasi-totalité de la population poissonneuse et nous avons perdu également pratiquement toutes les cultures le long de la rivière Tshikapa et rivière Kasaï, ce qui fait que vous imaginez que la crise alimentaire va s'accentuer déjà que nous avons très très peu d'agriculture là-bas mais le peu qu'il y a est sérieusement menacée avec cette pollution, donc au niveau de la population, nous avons enregistré plusieurs plaintes des personnes qui se sont plaints des douleurs abdominales et qui se sont plaints également des céphalées, évidemment nous les avons amenés vers les hôpitaux, quelques analyses ont été faites, et nous ont conduit à conclure qu' ils ont été dans une certaine mesure intoxiquées », a-t-il fait savoir.

D'après Dieudonné Pieme, le constat a été fait depuis le mois de juillet mais ils avaient préféré garder l'information pour ne pas paniquer la population. Ce, après échange avec ses homologues de l'Angola qu'ils ont compris que la situation est causée depuis l'Angola.

« À la fin du mois de juillet, nous avons commencé par constater le changement de coloration des eaux à notre frontière avec l'Angola et l'eau prenait de plus en plus une couleur rougeâtre et aussi on constatait pratiquement des poissons qui echouaient au bord des rivières, on a tout de suite soupçonné qu'il y avait un problème de toxicité dans l'eau et on a commencé à s'interroger d'où ça venait. Ceci m'a conduit à entrer en contact avec mon collègue de Lunda Norte avec qui nous avons échangé sur la question et c’est lui qui, le 10 août dernier, me fera parvenir l'information que la société minière de Catoca avait connu un problème de scession de la digue et qu'il avait libéré les matières toxiques dans la rivière, évidemment, on ne pouvait pas rendre public cette nouvelle sinon on risquait de créer la panique dans la population, nous avons géré l'information mais nous avons quand même lancé appel à la population de ne pas utiliser l'eau en attendant les investigations. Donc, je confirme aujourd'hui tels que les autorités angolaises l'ont déclaré elles-mêmes qu’effectivement cette société à connu un problème et c'est ce problème dont nous avons subi les conséquences en République Démocratique du Congo », a-t-il expliqué.

Ève Bazaiba Masudi, vice-premier ministre, ministre de l’environnement et développement durable, et Christophe Lutundula, vice-premier ministre, ministre des affaires étrangères, effectueront cette semaine une mission en Angola. C’est dans ce cadre de la pollution des rivières congolaises provoquée par les activités minières en amont du bassin versant de la rivière Kasaï dans la partie angolaise. Il s’agirait d’une fuite des complexes miniers de Luo, Camatchia-Camagico et Catoca.

La mission sera conjointe. Elle sera également composée de la partie angolaise. La composition de l’équipe congolaise est complète. Il ne reste plus que les Angolais avancent sur la partie du cahier des charges de la mission sous leur responsabilité. Il est notamment attendu la finalisation de la liste des experts et personnalités qui feront partie de l’expédition qui se rendra aux complexes miniers de Luo, Camatchia-Camagico et Catoca.

Clément MUAMBA