Assemblée nationale : Jean-Baptiste Kasekwa appelle à évaluer l’état de siège et à le circonscrire uniquement dans les zones en proie aux violences

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Le député national Jean-Baptiste Kasekwa ne voit pas la nécessité de maintenir l’état de siège sur l’ensemble des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Lors du débat général vendredi dernier sur le projet de loi portant prorogation de l'état de siège, il a appelé le gouvernement à la « sincérité ». Pour l’élu de Goma, les « avancées positives » sur le terrain des combats telles qu’évoquées par le gouvernement, constituent un « outrage » à l’Assemblée nationale car la situation sur le terrain se détériore davantage malgré l’état de siège.

« J'estime que le gouvernement a le devoir d'être sincère avec l'Assemblée nationale que nous constituons. Je pose la question de savoir de qui émane le texte ? Lorsque déjà au premier paragraphe le texte parle d'avancées positives alors que sans faire l'évaluation l'on sait que Beni est complètement coupée de Kasindi, de Komanda, de Butembo, pourquoi le gouvernement ne peut pas venir nous dire Honorables députés nationaux, voici les réalités et les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Le tout premier paragraphe devrait refléter la sincérité parce que en parlant des avancées positives qui justifient une quatrième prorogation, c'est une insulte aux populations concernées, les seules avancées qu'il y a c'est en terme des tracasseries dans les perceptions des taxes de Bunia à Masisi, les seules avancées positives c’est que jusqu'à ce jour il n'y a pas d'opérations militaires, les seules avancées positives c’est que les égorgeurs ont élargi leur rayon d'actions », a déploré Jean-Baptiste Kasekwa.

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Pour lui, il y a urgence qu'une commission d'évaluation soit mise en place. Il propose que cette commission ait comme mission d'examiner l'état de siège avec possibilité de le circonscrire seulement dans les zones à problèmes notamment les territoires de Beni et d’Irumu et non dans toutes les provinces.

« À mon avis, le texte devrait faire l'objet de l'examen de notre commission d'évaluation sans complaisance. Honorable Président, vous l'avez déjà promis, de la même manière dont nous avons constitué une commission d'évaluation de l'état d'urgence lors de la riposte contre le covid-19, aujourd'hui il est plus que temps qu'une commission d'évaluation de l'état de siège soit mise sur pied pour que cette commission nous aide à examiner. Etant donné les difficultés réelles, est-ce-qu'il ne faille pas circonscrire l'état de siège aux seuls territoires de Beni et d’Irumu et lever l'état de siège pour l'ensemble de ces deux entités ? », s'est-il interrogé.

Manque de collaboration entre l’administration militaire et les députés provinciaux

Jean-Baptiste Kasekwa dénonce le manque de collaboration entre les gouverneurs militaires et les députés provinciaux, qui sur le terrain détiennent aussi certaines informations pouvant faciliter la mise en œuvre de l’état de siège.

« Les opérations militaires nécessitent la collaboration de la population à travers les élus que nous sommes y compris les élus provinciaux. Or, à ce jour, il y a fossé entre la population et les autorités militaires parce que pour les militaires "Ekomi tour na biso" ( c'est maintenant notre tour), on intimide même nos collègues députés provinciaux, ils ont des informations de terrain mais les autorités militaires ne sont pas disposées à les écouter et à les recevoir. Conséquence, il y a coupure des renseignements, il y a coupure de collaboration et la population se pose la question de savoir quels sont les motifs pour lesquels nous allons continuer à proroger ? J'estime donc Honorable Président, vous voudrez honorer votre engagement solennelle d'après lequel nous devrions avoir une plénière d'évaluation de l'état de siège et cela si une commission ad hoc est constituée pour y travailler de manière rationnelle et bien que le gouvernement ne revienne pour une cinquième prorogation nous devrions avoir fait notre propre religion de l'état de siège », a-t-il conclu.

L'Assemblée nationale a adopté en plénière, ce vendredi 16 juillet, en première lecture, la prorogation de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Sur les 339 députés qui ont pris part au vote, 337 ont voté "pour" et 2 se sont abstenus.

Cette prorogation est la quatrième  consécutive depuis la proclamation de l'état de siège par le Président de la République en date du 3 mai dernier. Cette prorogation prend cours le 20 juillet prochain.

Ce texte a été présenté et défendu par la ministre d'État, ministre de la justice, Rose Mutombo.

Clément Muamba