Est de la RDC : Certaines entreprises conscientes des risques liés aux paiements au M23 sous sanction de l’ONU, ont suspendu leurs activités dans les zones occupées

Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025
Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025

Les questions relatives aux taxes, contrôles aux frontières dans les zones sous contrôle de l'AFC/M23 ont été évoquées dans le nouveau rapport du groupe d'experts des Nations-Unies. Selon ce rapport, le mouvement rebelle a placé des animateurs à la tête des différents services concernés et laisse à Kigali la responsabilité de contrôler les marchandises à la frontière.

"L'AFC/M23 a remplacé les agents de la police des migrations (DGM) et des douanes (DGDA) de l'État congolais par des personnes nommées par l'AFC/M23. Afin de faciliter le transit des marchandises du territoire de la RDC vers le Rwanda, ces personnes ont reçu pour instruction de ne pas contrôler les marchandises transitant par la Grande Barrière, principal poste frontière entre Goma et Gisenyi, et ont délégué le contrôle des marchandises en transit aux autorités rwandaises", rapporte le rapport des experts de l'ONU.

Le rapport révèle que plusieurs entreprises refusent de coopérer avec la rébellion sous sanction des Nations-Unies.

"L'AFC/M23 a supplanté le système légal de perception des impôts de l'État, exerçant une pression sur les entreprises, les organisations non gouvernementales et les organisations internationales pour qu'elles versent les taxes et autres frais. Les ONG nationales risquaient des représailles de la part de l'AFC/M23 en cas de non-respect, y compris des menaces de fermeture. Conscientes des risques liés aux paiements au M23, sanctionné par l'ONU, certaines entreprises ont suspendu leurs activités, invoquant la force majeure dans leur correspondance avec Chadrac Amani, responsable des finances de l'AFC/M23", ajoute le rapport.

Depuis l'occupation des villes de Goma et de Bukavu par l'AFC/M23, ce mouvement rebelle proche de Kigali n'a cessé de mettre en place sa propre administration accompagnée de la nomination des animateurs de ces institutions. L'organisation a toujours justifié sa démarche par le souci de rapprocher l'administration et ses administrés et garantir la bonne administration des zones sous son contrôle.

En réaction, Kinshasa a toujours dénoncé la mise en place de l'administration parallèle par l'AFC/M23. Dans ses différentes sorties médiatiques au niveau national et international, Kinshasa a toujours accusé Kigali en complicité l'AFC/M23 de procéder à la déportation des populations et installations des populations venues du Rwanda dans les zones sous son contrôle.

Clément MUAMBA