Le récent rapport du groupe d'experts des Nations-Unies révèle que l'opération militaire conjointe Shujaa menée par les armées congolaise (FARDC) et ougandaise (UPDF) à Beni (Nord-Kivu) et à Irumu (Ituri) contre les Forces démocratiques alliées (ADF) n'a pas encore permis de mettre fin aux violences. Selon le rapport consulté par ACTUALITE.CD en ce mois de juillet 2025, les ADF ont profité du vide laissé par les FARDC concentrées dans les combats contre la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, pour commettre des massacres.
"Malgré son succès relatif dans l'élimination des dirigeants et des combattants des ADF, l'opération conjointe FARDC-UPDF Shujaa n'a pas permis de mettre un terme aux violences des ADF contre les civils dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Le déploiement supplémentaire des UPDF dans le sud du territoire de Lubero n'a pas ciblé les cellules ADF très actives dans le nord-ouest de Lubero. Profitant de la réduction de la présence des FARDC et concentrées sur l'escalade du conflit AFC/M23, les ADF ont poursuivi leurs opérations dans l'est du territoire de Beni, le nord-ouest du Lubero et dans le territoire d'Irumu", renseigne le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.
Des groupes de combattants très mobiles, lançant souvent des attaques simultanées, ont tué, enlevé des civils, incendié et pillé des habitations. Les ADF ont également continué d'affronter les combattants Mai-Mai du groupe Front des patriotes pour la paix/armée du peuple (FPP/AP).
"Après le pic de massacres de juin 2024, où plus de 200 civils ont été tués, janvier 2025 a marqué la deuxième fois que le nombre de victimes attribuées aux ADF a dépassé 200 en un seul mois, principalement dans la région de Beni et le territoire de Lubero. Le groupe dirigé par Ahmad Mahmood Hassan, alias Abwakasi individu sanctionné, actif dans le secteur de Bapere, territoire de Lubero, serait responsable d'au moins la moitié de ces décès", révèle le rapport.
Et d'ajouter :
"Les allégations publiées par Daech qui a attribué 127 attaques à sa branche ADF entre novembre 2024 et début avril 2025 ont fortement mis l'accent sur les incidents survenus dans le secteur de Bapere, suggérant des contacts directs entre Abwakasi et Daech. Le Groupe a inspecté 16 armes des ADF, dont la moitié provenaient des stocks des FARDC. Comme indiqué précédemment, les ADF ont volé des armes et du matériel des FARDC lors d'attaques contre des positions des FARDC".
Le général d'armée Muhoozi Kainerugaba, fils de Yoweri Kaguta Museveni et chef d'État major général de l'armée ougandaise et le lieutenant général Jules Banza Mwilambwe, chef d'État major des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont signé, vendredi 20 juin, à Kinshasa, le mémorandum d'entente révisé sur les opérations conjointes Shujaa contre les terroristes ADF-MTM.
Selon le général major et porte-parole des FARDC, Sylvain Ekenge, le nouveau mémorandum d'entente réactualisé en fonction de l'évolution actuelle de la situation sur le terrain prévoit le renforcement des opérations contre les ADF sur le terrain et leur élargissement dans les territoires de Mambasa en Ituri. Ces opérations conjointes seront également étendues contre les groupes armés auteurs de l'insécurité dans la province de l'Ituri plus particulièrement dans les territoires de Djugu, Irumu, Mahagi et Aru.
Pour appuyer ces opérations, il a été décidé du maintien de l'équipe conjointe des renseignements. L'autre point inscrit dans le nouveau document est la sécurisation conjointe des travaux de réhabilitation de la route Kasindi-Beni-Butembo.
Clément MUAMBA