Du 22 au 24 octobre Kinshasa abritera une Conférence internationale sur les déplacés internes

Le Comité international de la Croix-Rouge  (CICR) et l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) organisent du 22 au 24 octobre 2019 au Pullman Grand Hôtel à Kinshasa une conférence internationale sur le thème : « « Au-delà des mots : Solutions durables pour les personnes déplacées de force en République démocratique du Congo ».

ACTUALITE.CD vous propose une interview avec les organisateurs.

Quelle est la situation actuelle du déplacement en RDC ?

La RDC et ses voisins représentent un cas particulièrement préoccupant en termes de déplacement. La RDC héberge un nombre important de réfugiés des pays voisins (presque 539.000, selon le HCR) ; et est le pays d’origine d’un nombre encore plus grand de réfugiés fuyant vers les pays voisins (un total de presque 860.000 proviennent de la RDC) ; et a vu un nombre record de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières.

Quels sont aujourd’hui les principaux défis dans la gestion des déplacés ?

En RDC, les situations de déplacement sont une caractéristique récurrente plutôt qu'une exception. Pour les millions de personnes qui ont fui leur foyer pour diverses raisons, il est urgent de trouver des solutions durables, qui s’adressent également aux causes des déplacements. D’autre part, la majorité des réfugiés provenant de pays voisins ont fui le conflit et la violence dans leurs pays, pour vivre dans des conditions de pauvreté et d’insécurité en RDC. Parfois, les réfugiés et les déplacés internes qui tentent de rentrer chez eux trouvent leurs maisons détruites, ou occupées par des membres de groupes armés. Il se trouve que dans ces situations de déplacement, les enfants et les femmes sont parmi les plus touchés et les moins protégés. Parmi les réfugiés en RDC, près de 63% ont moins de 17 ans. Des rapports récents estiment qu'au moins 700 millions d'enfants dans le monde voient leur enfance perturbée, sinon terminée, par la malnutrition, le manque d'accès à l'éducation, d’enregistrement de leur naissance, le travail forcé, les mariages et les grossesses précoces et les déplacements, qui ne font que renforcer ces défis. Il est donc important d’identifier des approches qui favorisent la résilience et l’autosuffisance, dans le but de trouver progressivement des solutions et des mesures préventives au déplacement forcé.

Quelles sont les zones qui sont les plus affectées ?

La partie orientale de la RDC a été déchirée par des conflits récurrents au cours des dernières années. Les Provinces de l’Ituri et du Nord Kivu sont en ce moment particulièrement affectées, avec des flambées d’attaques et de déplacement depuis le mois de mai. La Province du Sud Kivu est elle aussi de plus en plus affectée par les conflits armés et les déplacements depuis ces derniers mois. En 2017, une vague de violences avait également affectée la région du Kasaï, provoquant déplacements massifs et fuites vers les pays voisins, notamment l’Angola. Dans la même année, la province du Tanganyika et, plus récemment en 2018, celle de Maï-Ndombe ont aussi été touchée à la suite de violences intercommunautaires.

Pourquoi organiser cette conférence en cette période ?

L’année 2019 marque le 10ème anniversaire de la Convention de l’Union Africaine pour la protection et l’assistance aux personnes déplacées internes en Afrique, dite Convention de Kampala. L’année 2019 marque également le 50ème anniversaire de la Convention de l’Union Africaine de 1969 pour les réfugiés en Afrique. Ces instruments représentent un pas important dans la réaffirmation des droits des personnes déplacées et des réfugiés en Afrique. Ils détaillent les obligations des Etats, des groupes armés non étatiques, ainsi que des organisations internationales en matière de prévention, de protection et d’assistance des personnes en situation de déplacement ou d’apatridie. Autant d’éléments que cette conférence cherche à réitérer sous forme de débats et discussions en cette année 2019, que l’Union Africaine a également désignée comme année des réfugiés.

Qui seront les animateurs de cette conférence ?

Il y aura des interventions d’experts de l’Union Africaine, du Gouvernement de la RDC, d’Agences des Nations Unies (OCHA, le HCR, le PNUD, UN Habitat), du CICR et d’experts académiques. Nous aurons également la présence du président de la « Human Rights Research League » (Ligue de Recherche sur les Droits de l’Homme), M. Tom Syring. Bien sûr, nous compterons également sur la participation de personnes directement affectées par les situations de déplacement.

Qu’est-ce qui peut sortir concrètement de cette conférence ?

Cette conférence internationale vise à identifier les approches qui favorisent la résilience, l’autosuffisance, le bien-être général et les moyens de subsistance, dans le but de trouver progressivement des solutions et des mesures préventives au déplacement forcé. Nous espérons que les discussions pourront mener au vote de la loi sur les Personnes Déplacées Internes (PDIs) par le Parlement de la RDC, et à la promulgation de la Loi Nationale sur les PDIs par le Président de la République, y compris sa publication au Journal Officiel. Le but est également d’atténuer les effets immédiats des conflits, des catastrophes et de la violence. Ce, à travers l'aide au développement et la transformation institutionnelle par l’adoption de mesures législatives et réglementaires adaptées, renforçant les conditions sociales, politiques et économiques qui sous-tendent les causes profondes des conflits. Le but est donc une transition réussie entre la réponse humanitaire et la réponse en matière de développement durable.

Pourquoi doit-on participer à cette conférence ?

Au vu des circonstances actuelles, le déplacement forcé est un thème central de la société de la RDC. La recherche de solutions au déplacement est directement liée à la recherche de solutions aux conflits armés et à la violence. Il est extrêmement important de mettre en place et de participer à ce type de plateforme, qui permet aux experts, aux personnes responsables et aux personnes concernées de réfléchir ensemble sur des solutions concrètes et durables.