Gaston Musemena, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) a signé, le 20 juillet 2018 à Istanbul (Turquie), un accord de partenariat avec la Fondation Maarif, une Ong proche du Gouvernement turc, créée au lendemain du coup d’Etat manqué de juillet 2016 en Turquie.
Cet accord de partenariat consiste à remettre l’école internationale turco-congolaise « SAFAK », une des propriétés de l’Ong « AUBE Asbl » présente depuis 2006 à Kinshasa. AUBE Asbl est du reste, une association de Droit congolais créée dans le but de promouvoir l’éducation, la culture, la science et les œuvres sociales. Avec ses 17 associés qui sont des hommes d’affaires turcs, AUBE s’est distinguée dans les secteurs caritatif et éducatif et, par conséquent, SAFAK est l’une des œuvres de cette Ong dans le domaine éducatif.
Cependant, l’Ong turco-congolaise AUBE se voit en train de subir le même sort que d’autres établissements et structures proches du prédicateur turc Fetullah Gülen, exilé aux Etats-Unis d’Amérique et à qui Ankara continue d’attribuer la paternité du dernier coup d’Etat manqué. Comme pour assécher les sources de revenus de Fetullah Gülen, le président turc Racep Tayyip Erdogan a entrepris, au début de cette année, un lobbying diplomatique en Afrique dans le but d’obtenir, de certains dirigeants africains, soit la fermeture soit la confiscation des établissements du mouvement Gülénniste présents dans leurs pays respectifs.
Une main noire turque
Plusieurs pays africains ont déjà accédé à la demande d’Ankara par la signature des accords économiques au sacrifice des biens privés des particuliers. Mais, la conséquence de cette démarche en RDC est la déstabilisation de cette école par excellence et la perte massive d’emplois pour les congolais qui y travaillent.
La prestigieuse école internationale SAFAK compte plus de 500 élèves et environ cent employés. A l’annonce de cette triste nouvelle dans les médias publics congolais, les parents d’élèves se disent préoccupés de l’avenir de l’éducation de leurs enfants, confiée à des tiers dont ils ignorent la crédibilité. Ils demandent aux autorités congolaises de « faire preuve de souveraineté et d’indépendance, et surtout de privilégier les droits de la majorité des Congolais qui ont investi dans cette œuvre ».
Dans le secteur éducatif congolais, des interrogations fusent, après la signature de ce partenariat entre l’EPSP et la fondation turque Maarif. N’ayant pas d’expérience dans le domaine de l’éducation, l’opinion craint qu’à travers ce partenariat avec la Fondation Maarif, les problèmes politiques turcs s’importent en RDC.
Par ailleurs, tout porte à croire que le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila ne pourra pas céder à cette ingérence, lui qui a de la « passion pour le Congo » et tient à tout prix à défendre la souveraineté de sa patrie. Ce contrat injuste et illégal doit être annulé, ne cesse-t-on de soutenir dans les milieux scolaires. De son côté l’Ong AUBE n’entend pas se laisser faire.
« On veut nous ravir notre école qui n’est pas une école de l’Ambassade de Turquie mais un bien privé. Pourtant le protocole d’accord que nous avons signé avec l’Etat congolais est en cours », regrette le secrétaire général de cette structure, Me Awazi.
Toutefois, « AUBE Asbl » qui gère l’école Safak, n’est pas encore été notifiée par l’Etat congolais. Cependant, elle peaufine déjà ses armes pour user de tous les moyens légaux afin de défendre ses droits. L’association met en garde quiconque tenterait de ravir malhonnêtement son école et ne se laissera pas faire, a dit Me Awazi. Ce dernier promet d’attaquer cette décision en annulation.
Stanislas Ntambwe