“C’est à travers des manifestations pacifiques que nous allons réussir à nous libérer” (Lucha)

Les manifestations organisées à travers le pays par les mouvements citoyens ont pour objectif d'obtenir le départ du président Joseph Kabila. C’est ce qu’a soutenu, au cours d’une interview accordée ce mardi 14 novembre à ACTUALITE.CD, Remy Mukweso, militant de la Lucha.

<b>Qu’est-ce que vous avez précisément prévu pour  demain 15 novembre ?</b>

Il y a la Lucha et d’autres organisations de la société civile qui organisent des manifestations, notamment des marches pacifiques dans d’autres villes du pays. Mais ici, à Kinshasa, il y aura une ville morte. La Lucha (Lutte pour le Changement) et le CASC (Collectif d’Action de la Société Civile) comptent lancer, à partir de demain, des actions jusqu’à obtenir le départ de Joseph Kabila. Dans nos récentes déclarations, la Lucha a été claire qu’elle ne reconnaissait plus Joseph Kabila comme président de la République, d’autant plus que son mandat avait déjà pris fin. Mais après l’accord de la Cenco, il fallait qu’on puisse avoir des élections cette année. Mais le calendrier que Corneille Nangaa nous a présenté, est  mensonger. Avec des contraintes, cela ne nous rassure pas que les élections auront effectivement lieu l’année prochaine tel qu’il y est indiqué. C’est pour ça que nous disons qu’on ne peut pas prendre les Congolais pour des "cons". Il est temps de nous libérer. Nous devons nous prendre en charge, faire des actions concrètes sur le terrain, ensemble de façon unie. Et je crois qu’avec ça nous allons réussir d’ici le 31 décembre.

<b>Comment avez-vous prévu de manifester ?</b>

Dès demain, nous annonçons des actions de grande envergure. Et ça ne se limitera pas que demain. Dans les jours qui viennent, il y aura aussi des actions, toujours dans l’optique de nous débarrasser de Joseph Kabila. On a beaucoup fait des discours et des dialogues, il faut maintenant que nous passons à l’action. C’est comme ça que Kabila ne résistera pas parce que personne ne peut résister à la pression de la population. Nous croyons en cette population. La misère, la vie sociale difficile et tout ce qui ne marche pas sont les indicateurs qui poussent le peuple à se prendre en charge pour trouver la solution. Alors, pour demain, à Kinshasa, nous demandons à tout le monde de rester à la maison. Parce que nous décrétons une ville morte. Nous allons montrer à Joseph Kabila combien nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’il fait. Mais, dans d’autres villes, il y aura plutôt des manifestations pacifiques. Nous sommes accompagnés par une partie de l’opposition, mais aussi par d’autres regroupements politiques tels que la Dynamique, le MLC et le Rassemblement. Ils nous soutiennent parce que nous sommes dans la même logique, celle de réclamer le départ de Joseph Kabila.

<b>Avez-vous reçu l’autorisation des autorités compétentes ?</b>

Je viens de vous dire tout à l’heure que nous ne reconnaissons plus ces autorités-là. Elles sont hors-mandat ! Alors, ça ne sert à rien d’aller les informer. Nous nous sommes dit qu’une personne qui est hors-mandat est illégitime. Alors pourquoi aller les informer ?

<b>Donc selon la Lucha, le pays vit dans l’anarchie ?</b>

L’anarchie c’est peut-être minimisé les choses. Le pays vit dans le chaos. En RDC, il n’y a même pas la vie. Et je crois que nous ne méritons vraiment pas ce que nous vivons. Alors c’est à travers des manifestations pacifiques que nous allons réussir à nous libérer. Nous l’avons vu ailleurs, notamment avec le Burkina Faso. Et si nous le faisons aussi en RDC, on trouvera un Congo totalement indépendant.

<b>Ne redoutez-vous pas la répression ?</b>

Les actions pacifiques sont toujours fortes. Elles anéantissent la répression. Nous savons que nous sommes dans un régime qui utilise la répression pour intimider les gens, mais je crois que c’est une étape que nous avons déjà dépassée. Plus rien ne peut nous faire reculer. Nous sommes dans un régime de formation, donc nous ne reconnaissons personne. Alors il n’est pas question de demander l’autorisation parce que nous ne reconnaissons plus ces gens-là.

<strong>Will Cleas Nlemvo</strong>

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