Twitter, le nouvel eldorado « com »des politiciens congolais

ACTUALITE.CD a interviewé Cédric Kalonji, l’un des pionniers du webjournalisme africain sur l’usage que font les politiciens de Twitter.

<strong>Comment analyses-tu l'usage de Twitter par les politiciens congolais?</strong>

De mon point de vue, les politiciens congolais découvrent Twitter et plus largement les réseaux sociaux. En analysant leurs publications, on peut aisément déceler des maladresses. La nature des contenus ou le ton ne sont pas toujours adaptés.

Échanger sur les réseaux sociaux, c’est s’exposer à la critique et prendre le risque d’être contredit publiquement. Un exercice auquel tous les hommes politiques congolais habitués à un mode de communication One Way* ne sont pas forcément prêts à se soumettre.

Ces freins observés sont également dus à un gap générationnel. En RDC, Internet et les réseaux sociaux sont encore perçus comme « des trucs de jeunes ». Le fait que la classe politique soit en majorité composée de « moins jeunes » explique en partie les réticences ou les maladresses observées dans l’utilisation de ces nouveaux outils qui imposent un changement d’habitudes bien ancrées.

<strong>Vois-tu Twitter comme alternative aux médias traditionnels ?</strong>

Je n’irai pas jusqu’à affirmer que Twitter soit devenu une vraie alternative aux médias traditionnels en RDC. Selon les chiffres de la Banque mondiale**, seulement 3% de la population congolaise utilise Internet. Ça laisse de côté 97% de congolais qui ont besoin de s’informer et de s’exprimer sur le fonctionnement et la gestion de leur pays. Je vois ce réseau social comme un outil que les médias traditionnels peuvent utiliser pour mieux interagir avec un certain public. Twitter peut en effet aider à conquérir un public jeune et connecté. Dans un pays aussi vaste que la RDC, il faudrait des médias capables de couvrir tout le territoire. Et de mon point de vue, il manque à la RDC de vrais <strong>médias de service public</strong>. Le média d’État qu’est la RTNC vivote et sert d’outil de propagande aux hommes forts du moment. Les médias privés n’ont ni la vocation, ni les moyens de reprendre les prérogatives des médias de service public.

Tout cela laisse un vide que ni Twitter, ni les autres réseaux sociaux grand public ne sont à ce jour capables de combler.

*J’invite des journalistes, je les paie et ils publient ce que je dis

** http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/IT.NET.USER.P2