Devant l’ONU, Tshisekedi dénonce un “génocide silencieux” en RDC depuis plus de trente ans

Félix Tshisekedi devant la tribune des Nations Unies à New-York, à l’occasion de la 80e session de l’Assemblée générale
Félix Tshisekedi devant la tribune des Nations Unies à New-York, à l’occasion de la 80e session de l’Assemblée générale

Plusieurs dirigeants du monde prennent part à la grand-messe annuelle des Nations-Unies à New-York aux États-Unis d'Amérique. Le thème proposé pour le débat général de la 80e session est " mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains".

Parmi eux, le chef d’État congolais Félix Tshisekedi s'est exprimé ce mardi 23 septembre à la tribune de l'ONU plaçant la crise sécuritaire de l’Est de la RDC au centre de son intervention. Il a dénoncé un « génocide silencieux » qui, depuis plus de trente ans, ensanglante son pays.

" Depuis trois décennies, la paix et la sécurité sont brisées à l’est de la République Démocratique du Congo. Cette guerre s’est muée en entreprise prédatrice : elle dépasse depuis longtemps les seules dimensions militaires ou géopolitiques ; elle vise à piller nos ressources, effacer notre mémoire collective et détruire nos communautés. Les conséquences sont désastreuses : des millions de morts, des familles décimées, près de sept millions de déplacés, femmes et enfants pris pour cibles, des villages rayés de la carte, des générations sacrifiées. Dans plusieurs régions de l’Est, tous les marqueurs d’un projet d’extermination sont réunis ", a déploré Félix Tshisekedi dans son discours.

Pour appuyer son argumentaire, Félix Tshisekedi rappelle que les Nations Unies elles-mêmes, à travers le rapport mapping, ont documenté l’ampleur des atrocités. 

" Ce n’est pas seulement un conflit : c’est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de trente ans. En juillet dernier encore, plus de trois cents civils dont quarante-huit femmes et dix-neuf enfants  ont été massacrés dans le territoire de Rutshuru par l’AFC/M23 avec l’appui des Forces de Défense du Rwanda. Ces crimes ne sont pas isolés ; ils s’inscrivent dans une continuité macabre. Je remercie les États-Unis d’Amérique d’avoir pris l’initiative, le mois dernier, de convoquer une session extraordinaire du Conseil de sécurité pour examiner ces massacres documentés par Human Rights Watch ", a-t-il fait savoir.

Dans le même chapitre, Félix Tshisekedi a exhorté la communauté internationale à soutenir la mise en place de la commission d’enquête indépendante décidée par le conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur les crimes commis dans l'Est de la RDC.

" À la veille de la mise en place de la commission d’enquête indépendante décidée par le conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur les massacres perpétrés il y a quelques mois par nos agresseurs et leurs supplétifs dans l’est de mon pays, je lance un appel solennel à la communauté internationale : elle a le devoir moral et politique de soutenir cette démarche essentielle afin d’établir la vérité, rendre justice aux victimes et jeter les assises d’une paix durable, ancrée dans la mémoire et la responsabilité partagée ", a indiqué Félix Tshisekedi. 

À l'heure actuelle, la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo demeure très préoccupante, caractérisée par des affrontements entre les FARDC et des groupes armés dont l'AFC/M23 soutenu par le Rwanda. Selon l'OCHA, des déplacements massifs, une criminalité accrue et des violations des droits humains (viols, pillages, enlèvements) sont constatés dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri. L'accès humanitaire est entravé par la violence et la fermeture des infrastructures, tandis que la population déplacée fait face à un manque crucial de nourriture, d'eau, d'abris et de soins.

Au lendemain de la chute de Goma et Bukavu et après l'échec du processus de Luanda, l’accord de Washington et le processus de Doha sont les deux volets complémentaires des initiatives diplomatiques majeures visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés comme le M23.

Après la signature de l'accord de Washington entre la RDC et le Rwanda sous les auspices des États-Unis d'Amérique, les discussions se poursuivent à Doha dans le but de compléter l’accord de Washington en abordant les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État sur l'ensemble du territoire et la réintégration des groupes armés.

Clément MUAMBA